Le 4 août, le tribunal des activités économiques de Paris a approuvé le plan de restructuration de la dette d’Altice France, maison mère de SFR, marquant un tournant décisif pour l’opérateur télécom. Ce plan, fruit d’un an de négociations avec les créanciers, permet de réduire la dette du groupe de 24,1 à 15,5 milliards d’euros, soit un allégement de 8,5 milliards. En échange, les créanciers, incluant des fonds comme BlackRock et Pimco, obtiennent 45 % du capital d’Altice France, tandis que Patrick Drahi, l’homme d’affaire au cinq nationalités, conserve 55 %.
Une « boucherie sociale » selon la CFDT
Cette décision, saluée par la direction comme une garantie de l’avenir financier et industriel du groupe, ouvre surtout la porte à une cession potentielle de SFR.
Le jugement, qui intègre SFR dans le plan malgré l’opposition des syndicats et les réquisitions du ministère public, suscite des craintes.
Les représentants du personnel, notamment l’UNSA et la CFDT, dénoncent une « mise à mort annoncée » de l’opérateur, pointant un risque de vente « à la découpe ». Pour Olivier Lelong, « cela va devenir une boucherie sociale ».
Les syndicats, qui ont annoncé un appel de la décision, craignent des suppressions d’emplois, alors que SFR a déjà vu ses effectifs réduits de moitié depuis son rachat par Drahi en 2014, passant à 8 000 salariés. Une coupe dans les effectifs qui s’était intensifiée avec la crise sanitaire.
Ils estiment que SFR, rentable, est injustement intégré dans un schéma d’endettement qui ne le concerne pas.
Du côté des opérateurs concurrents, cette décision est une aubaine. Orange, Bouygues Telecom et Free se préparent à un marché à trois acteurs, plus rentable. Bouygues viserait les antennes relais, Free les abonnés professionnels, et tous deux convoitent les clients mobile et box. Orange, bien que contraint par l’Autorité de la concurrence en raison de sa taille, ne compte pas rester à l’écart.
Aucune offre officielle n’a été déposée, selon Altice, mais les discussions s’intensifient. Cette consolidation pourrait redessiner le paysage télécom français, avec des implications majeures pour les consommateurs et les salariés.