Un rapport d’expertise du cabinet Addhoc Conseil, rendu en février 2025, jette une lumière crue sur les conditions de travail au siège de la CGT à Montreuil. Commandé par les représentants du personnel, ce document, basé sur 75 entretiens, révèle une « conception autoritaire et rétrograde » du management, marquée par une communication « descendante et brutale ». Les 150 salariés de la « maison confédérale » feraient face à une surcharge de travail, des conflits internes et des risques psychosociaux (RPS) graves, incluant fatigue extrême, angoisse quotidienne et situations proches du harcèlement moral.
Des salariés qui pleurent lors des entretiens
Ce constat est d’autant plus troublant pour un syndicat dédié à la défense des travailleurs et qui dénonce de pareilles pratiques dans des entreprises ou des institutions comme la Banque de France. Le rapport, dévoilé par Mediapart, évoque un refus de la direction, incarnée par l’administrateur Laurent Brun, de reconnaître l’ampleur des RPS. En 2024, les tensions ont culminé, exacerbées par une réorganisation du travail et un congrès conflictuel en 2023, marqué par l’arrivée de Sophie Binet à la tête de la CGT. Dix salariés ont pleuré lors des entretiens, quinze ont rapporté des pleurs au travail, et vingt ont évoqué des violences verbales ou du harcèlement.
Laurent Brun conteste la qualité du rapport, qu’il juge biaisé et basé sur des témoignages non vérifiés. Il reconnaît toutefois des failles, notamment un manque de compétences managériales, un problème récurrent depuis une expertise de 2015. Pour répondre à la crise, la direction annonce une remise à plat des salaires, une analyse des charges de travail et une formation au management pour les encadrants, débutant en octobre 2025. Brun assure que les tensions se sont apaisées, bien que des divergences persistent avec le comité social et économique (CSE). Le contexte financier reste tendu, avec un déficit réduit à 500 000 euros en 2024, un congrès en 2026 et des élections professionnelles qui risquent de peser sur les finances.
Malgré les critiques, Laurent Brun défend un retour à la « normalité » dans la gestion, justifiant des sanctions disciplinaires (cinq en 2024). Une enquête sur d’éventuels cas de harcèlement moral, mandatée à un cabinet d’avocats, n’a pas conclu à des pratiques établies, certains salariés ayant refusé de témoigner.