France

Narcotrafic en France : une menace omniprésente et violente

Un rapport confidentiel de l’Office antistupéfiants alerte sur l’explosion du trafic de drogue en France, devenu «sans zone blanche». La cocaïne inonde le territoire, portée par des réseaux criminels puissants, violents et innovants, menaçant la sécurité et l’ordre public.

Le dernier rapport de l’Office antistupéfiants (Ofast), paru fin juillet 2025, dresse un constat alarmant : le narcotrafic gangrène la France, désormais sans « zone blanche ». Décrit comme un « tsunami blanc » par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ce fléau, dominé par la cocaïne, constitue une « menace existentielle ».

Le trafic et la consommation de cocaïne explosent

Avec 3,7 millions d’expérimentateurs et 1,1 million d’usagers réguliers en 2023, la consommation de cocaïne explose, dopée par une production mondiale record de 4 000 tonnes en 2024, dont 2 700 tonnes en Colombie (+53 % par rapport à 2022). Les narcotrafiquants, agiles et ingénieux, exploitent des réseaux logistiques sophistiqués et des technologies de pointe. La drogue transite par tous les canaux : conteneurs depuis les Antilles ou le Brésil, mules sur la ligne Lima-Paris, ou encore voies aériennes depuis la Polynésie française, devenue une plaque tournante pour la cocaïne et la méthamphétamine. Les saisies record (37,5 tonnes de cocaïne au premier semestre 2025, +45 % par rapport à 2024) témoignent de cette abondance. C’est notamment le cas d’une saisie historique aux Marquises en Polynésie française avec 1 878 kg de drogue le 2 août.

Les méthodes de dissimulation, comme la cocaïne intégrée dans des cartons, des prothèses ou des produits cosmétiques via le « verrouillage chimique », illustrent leur créativité.

La violence, érigée en « contre-culture », accompagne cette expansion. En 2024, 367 assassinats ou tentatives liés au narcotrafic ont touché 173 villes, de Marseille à Dijon. Les groupes criminels, structurés en pyramide, dominent un marché de 7 milliards d’euros. Au sommet, une élite d’une dizaine d’organisations, parfois liées à des cartels sud-américains comme Sinaloa, contrôle les importations. Le « milieu du spectre » gère la distribution, tandis que le « bas du spectre » alimente 2 729 points de deal, des « Airbnbeuh » ou des boîtes à clefs. Ces réseaux, issus de trafics de cannabis marocain, exercent un « pouvoir social », allant jusqu’à proposer des services dans certains quartiers, comme à Bagnols-sur-Cèze.

Face à cette « lutte asymétrique », les services de l’État peinent à suivre. Christian de Rocquigny, adjoint à l’Ofast, plaide pour une spécialisation accrue des forces de l’ordre. Les narcotrafiquants, eux, continuent d’exploiter les failles, menaçant l’ordre républicain par leur violence et leur influence croissante.