La proposition du Premier ministre François Bayrou de supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai, dans le cadre du plan d’économies de 44 milliards d’euros pour le budget 2026, a déclenché une vive controverse. Annoncée le 15 juillet, cette mesure visant à « augmenter la productivité » pour redresser les finances publiques, a suscité l’indignation de nombreux responsables politiques et syndicaux. Face à ces réactions, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a esquissé une possible concession dans un entretien à La Tribune du Dimanche le 20 juillet, proposant que ces jours, s’ils deviennent travaillés, soient « mieux rémunérés » pour les salariés.
La crainte d’une fronde parlementaire
« L’objectif est que les Français y trouvent leur compte », a insisté la ministre, sans préciser les modalités de cette rémunération.
Cette ouverture intervient alors que la suppression du 8 mai, jour de commémoration de la victoire contre le nazisme, a été qualifiée de « très grave » par Sophie Binet (CGT) et d’« attaque contre notre histoire » par Jordan Bardella (RN). Jean-Luc Mélenchon (LFI) y voit un « symbole de la violence sociale » du plan Bayrou, comparant les économies visées à l’équivalent de l’impôt sur la fortune supprimé. Les oppositions n’ont pas hésité à brandir la menace de la censure.
Le député LFI Aymeric Caron a lui déclaré sur X : « Montchalin a perdu l’élection législative à laquelle elle s’était présentée, les électeurs lui ont dit non, elle a quand même été nommée ministre par un camp politique ».
François Bayrou, conscient de la sensibilité du sujet, s’est dit prêt à examiner d’autres propositions, soulignant que le « mois de mai est devenu un gruyère » de congés. La mesure, inspirée de la journée de solidarité instaurée en 2004, pourrait rapporter « plusieurs milliards » d’euros, selon le gouvernement, mais reste loin de combler l’ensemble du déficit ciblé.
Les entreprises, si la mesure est adoptée, pourraient opter pour des modalités similaires à la journée de solidarité : travail non rémunéré, suppression d’un jour de RTT ou ajustement des heures non travaillées. Amélie de Montchalin, riche héritière, concentre les critiques et défend un plan qui, selon elle, n’est « pas de l’austérité », appelle à un « compromis clair dans les trois mois » avec les oppositions pour aboutir à un budget « rassemblant le socle commun » d’ici septembre.
Elle tend la main à gauche, citant les apports du Parti socialiste lors du budget précédent. François Bayrou, en déplacement à Pau, a donné « deux mois » pour finaliser ce plan. Cependant, les critiques, de Marine Tondelier (écologistes) à Fabien Roussel (PCF), dénoncent un « braquage » social, estimant que la mesure prive les Français de repos pour des gains financiers limités face aux richesses non taxées des grandes fortunes. Dans une zone de turbulence sur la question budgétaire, l’exécutif, au plus bas dans les enquêtes d’opinion va devoir trouver la bonne formule.