François Bayrou, Premier ministre, présente à 16 heures les grandes lignes du budget 2026, un exercice qu'il a lui-même qualifié d’« Himalaya ». Avec un déficit public à 5,8 % du PIB en 2024 et une dette à 114 %, l’objectif est clair : économiser 40 milliards d’euros pour ramener le déficit à 4,6 % en 2026. Mais ce défi économique s’accompagne d’un casse-tête politique, dans un Parlement sans majorité, où chaque arbitrage risque de provoquer une tempête.
L’heure de vérité pour un détracteur historique de l’endettement
François Bayrou, fidèle à son combat contre l’endettement depuis 2002, a préparé ce budget dans le plus grand secret, laissant même Bercy et l’Élysée dans l’expectative. Parmi les pistes évoquées, l’« année blanche », un gel des dépenses publiques et des prestations sociales sans revalorisation pour l’inflation (1,4 % prévue en 2025), pourrait générer entre 10 et 22 milliards d’euros d’économies. D’autres mesures incluent une réforme de l’assurance chômage, une réduction des aides publiques aux entreprises (200 milliards en 2023) ou encore une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, bien que Bayrou exclut une hausse généralisée des impôts.
L’Assurance maladie, confrontée à un déficit de 16 milliards en 2025, propose 3,9 milliards d’économies via une meilleure gestion des soins et une lutte contre les fraudes.
Le contexte est d’autant plus complexe qu’Emmanuel Macron a exigé une hausse de 3,5 milliards pour la défense en 2026. La gauche, à l’image du député socialiste Philippe Brun, est favorable à une taxe sur les ultra-riches (dite « taxe Zucman », estimée à 15-25 milliards) et s’oppose à toute coupe dans les dépenses sociales.
Le Rassemblement national, quant à lui, menace de censure si les retraites ou le pouvoir d’achat sont touchés. Le député Jean-Philippe Tanguy l’a ainsi annoncé, affirmant que Marine Le Pen et Jordan Bardella étaient favorables à un tel vote.
« Ce sera un budget polémique », admet un conseiller de Bayrou, conscient des risques de censure à l’automne, comme ce fut le cas pour Michel Barnier en 2024.
François Bayrou joue sa survie politique. « Ce que je vais annoncer, personne n’a jamais osé le faire », a-t-il déclaré, selon Le Point. S’il échoue, l’Assemblée portera le poids de la dette, pas le Sénat qui soutient une politique d’austérité, mais lui pourrait quitter Matignon. En cas de succès, il pourra se targuer d’avoir gravi « l’Himalaya budgétaire », malgré un chemin semé d’embûches.