Lors de son discours aux armées à l’Hôtel de Brienne, Emmanuel Macron a peint un tableau sombre des menaces géopolitiques et annoncé une accélération de l’effort de défense : +3,5 milliards d’euros en 2026 et +3 milliards en 2027, pour atteindre 64 milliards dès 2027, contre 2030 initialement. Ce ton grave, qualifié de « gaullien » par certains, a suscité des réactions contrastées dans la classe politique française, entre soutien prudent, critiques acerbes et interrogations sur la faisabilité.
Approbation et scepticisme dans son propre camp, vives critiques des oppositions
Le président du groupe macroniste à l’Assemblée Gabriel Attal a déclaré avec emphase : « grâce à l’engagement du président de la République, nous aurons doublé le budget de nos armées en 2027, 3 ans avant la cible prévue. Jamais cet effort n’avait été fait, et tenu sur une décennie entière ».
Les Républicains, alliés du socle commun avaient déjà fait savoir leur scepticisme sur les ambitions présidentielles via le sénateur Dominique de Legge, rapporteur des crédits de la défense, qui avait publiquement fait part de ses doutes sur un financement sans recours à la dette. « Atteindre 3,5 % du PIB d’ici 2035 nécessitera un effort bien plus soutenu », notait-t-il, au Sénat le 18 juin.
Les centristes, comme François Bayrou, soutiennent le projet mais attendent des clarifications sur le financement, annoncé pour le 15 juillet.
À gauche, les critiques fusent. Éric Coquerel (La France Insoumise) fustige un « discours belliciste » qui sacrifie les priorités sociales et climatiques à une « économie de guerre ».
Le Rassemblement National, quant à lui, critique une potentielle dilution de l’autonomie française dans un projet de défense européenne, notamment sur la question du nucléaire, où Macron évoque un « dialogue stratégique » avec des partenaires comme l’Allemagne.
L’eurodéputé Romain Thionnet a de son côté déploré : « la situation intérieure française du point de vue de la sécurité quotidienne et de la pression migratoire est si catastrophique qu'elle incite certains de nos compatriotes, et on les comprend, à refuser la lucidité quant aux menaces extérieures et aux exigences militaires qu'elles impliquent » et d’ajouter : « c'est ce qu'il faut reprocher inlassablement à Emmanuel Macron […] : en ne consacrant pas au redressement intérieur une importance équivalente à la remontée en puissance militaire, il met en péril la pérennité de cette dernière ».
Les annonces présidentielles, loin de favoriser une concorde autour du chef de l’Etat, semblent exacerber les tensions politiques et raviver les débats sur la dissuasion nucléaire et l’indépendance française.
Si certains, comme l’allemand Friedrich Merz, y voient une opportunité pour une défense européenne renforcée, d’autres craignent une perte de souveraineté. Dans un contexte de tensions géopolitiques et de retard français en équipement, huit ans après l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron et la démission du général de Villiers qui fustigeait alors les coupes budgétaires du président dans les armées.