France

France-Royaume-Uni : un accord pilote pour gérer les migrations par la Manche

Keir Starmer et Emmanuel Macron annoncent un accord pilote pour renvoyer en France les migrants arrivant illégalement par la Manche, en échange de l’accueil légal de demandeurs d’asile ayant des liens avec le Royaume-Uni. L'accord sera effectif sous peu.

Le 10 juillet, à l’issue d’une visite d’État de trois jours d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni, le Premier ministre britannique Keir Starmer a dévoilé un accord pilote inédit avec la France pour gérer les migrations illégales par la Manche. Ce dispositif, basé sur un principe de « un pour un », vise à renvoyer en France les migrants arrivant sur des « small boats », tout en permettant à des demandeurs d’asile ayant des liens familiaux au Royaume-Uni d’y entrer légalement via une plateforme en ligne.

L’accord, qui doit encore être validé par la Commission européenne, devrait démarrer dans les « prochaines semaines ».

Un problème migratoire persistant entre les deux pays

Ce projet intervient alors que plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche en 2025, un record marquant une hausse de 42 % par rapport à 2024. Keir Starmer, sous pression face à la montée du parti anti-immigration Reform UK, qualifie cet accord de « révolutionnaire » pour dissuader les passeurs. Les migrants concernés seront détenus au centre de Manston, leurs données biométriques collectées, et ceux sélectionnés pour le retour en France verront leur demande d’asile jugée irrecevable, avec un droit d’appel.

Emmanuel Macron a pointé du doigt le Brexit, soulignant l’absence d’accord migratoire avec l’UE depuis 2020, une situation qui encouragerait les traversées. Il estime que ce dispositif aura un « effet très dissuasif » sur les réseaux de passeurs. Cependant, aucune précision chiffrée n’a été donnée, bien que des sources évoquent un échange d’environ 50 migrants par semaine.


L’accord suscite des critiques. Nigel Farage, leader de Reform UK, le qualifie d’« humiliation », dénonçant une soumission à l’UE.

L’ONG Médecins sans Frontières juge le projet « absurde » et « extrêmement dangereux », craignant des routes migratoires encore plus risquées. Cinq pays européens, dont l’Espagne et l’Italie, ont exprimé des préoccupations, réclamant une coordination européenne.

En parallèle, les deux dirigeants ont réaffirmé leur volonté de coopérer contre les réseaux de passeurs et d’intensifier les retours vers les pays d’origine. Cet accord s’inscrit dans une collaboration renforcée entre les deux Etats avec un renforcement des unités policières françaises sur les côtes et une répression accrue du travail illégal au Royaume-Uni.

Ce projet pilote, bien que limité, marque une première tentative de coopération bilatérale post-Brexit pour juguler les traversées de la Manche, tout en soulevant des défis juridiques, politiques et humanitaires.