France

Renforcement des préfets : un renforcement sécuritaire et budgétaire venu du sommet de l'Etat

À Chartres, François Bayrou a dévoilé une réforme renforçant le rôle des préfets pour une action publique plus cohérente et proche des citoyens. Coordination accrue, pouvoir de dérogation élargi et économies potentielles sont au cœur du projet.

Le 8 juillet 2025, à Chartres, François Bayrou, accompagné de sept ministres, a présenté une réforme de l’administration territoriale visant à replacer les préfets au cœur de l’action de l’État. Après un hommage au résistant Jean Moulin, le Premier ministre a détaillé des mesures pour rendre les politiques publiques plus lisibles, réactives et adaptées aux territoires, tout en optimisant la dépense publique.

Le préfet comme « chef d’orchestre » de l’Etat

Face à une action étatique jugée morcelée et illisible, cette réforme, initiée en février 2025, fait du préfet de département le « chef d’orchestre » des services de l’État. « C’est le retour d’un État fort au niveau local », a résumé une source gouvernementale.

La réforme avait été initiée dès le mois d’octobre par le gouvernement de Michel Barnier. Ce dernier s’est félicité de la poursuite de sa démarche qui consiste selon lui à « remettre les préfets au centre de l’échiquier, avec davantage d’autorité sur les services déconcentrés et sur les opérateurs publics ».

Les préfets coordonneront désormais l’ensemble des acteurs publics, des services déconcentrés aux opérateurs comme les agences régionales de santé. Ils participeront à la nomination et à l’évaluation des chefs de service, hors ceux nommés en Conseil des ministres, et fixeront leurs objectifs. Un pouvoir de dérogation élargi constitue un pilier de la réforme.

Laurent Marcangeli, ministre de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification s’est félicité de ces nouvelles prérogatives, saluant « une nouvelle étape dans la déconcentration, pour une action publique mieux coordonnée et encore plus proche du terrain ».

Depuis 2020, ce mécanisme, limité à 900 arrêtés en cinq ans, permet aux préfets d’adapter les normes. Désormais, ils pourront déroger plus largement pour autoriser des projets, simplifier les démarches administratives ou accéder à des aides publiques, tout en restant protégés dans leurs décisions. Cette souplesse vise à répondre aux spécificités territoriales, contrebalançant un « millefeuille administratif » critiqué.

Les préfets géreront aussi directement les appels à projets et les subventions locales, renforçant leur rôle dans l’allocation des ressources. Leur avis deviendra obligatoire pour toute modification des services publics, comme la carte scolaire ou l’offre de soins, garantissant une « cohérence territoriale ». Par ailleurs, ils pourront réorienter certaines dépenses, notamment des opérateurs publics, dont un tiers pourrait être supprimé ou fusionné, avec des économies estimées entre 540 millions (selon le Sénat) et 2 à 3 milliards d’euros (selon le gouvernement) d’ici à 2027. Cette « déconcentration » consacre le département comme échelon clef, répondant à l’injonction d’Emmanuel Macron de faire du préfet le « patron de l’État » dans un contexte de défaillance de l’autorité publique illustrée par les récents incidents qui ont pu avoir cours en marge de la finale de la Ligue des Champions.

Cependant, des résistances émergent, notamment dans l’Éducation nationale et la Santé, qui craignent une perte d’autonomie. Préparée via des décrets à adopter cet été, cette réforme vise à rapprocher l’État des citoyens tout en préparant le budget 2026, que Bayrou dévoilera le 15 juillet.