France

Grève des taxis : la colère des chauffeurs paralyse la France

Ce 19 mai 2025, les taxis français, en grève nationale, bloquent Paris, Pau, Toulouse et d’autres villes pour protester contre les nouveaux tarifs du transport sanitaire. Ils dénoncent une menace sur leurs revenus et l’accès aux soins.

Les routes françaises sont paralysées par une grève massive des taxis, mobilisés contre la nouvelle tarification du transport sanitaire présentée par l’Assurance-maladie. À Paris, plus de 5 000 véhicules convergent dès 7h vers le boulevard Raspail, provoquant des opérations escargot. À Pau, ville du Premier ministre François Bayrou, un millier de taxis bloquent la gare et les artères principales.

Toulouse, Marseille, Strasbourg, et d’autres villes comme Perpignan ou Clermont-Ferrand subissent également des perturbations, avec des périphériques engorgés dès l’aube.

Une mesure forfaitaire contestée

La Fédération nationale du taxi (FNDT) mène la fronde, dénonçant une réforme « inacceptable » qui, dès le 1er octobre, instaurera un forfait unique de 13 euros par prise en charge et un tarif kilométrique départemental. Cette mesure, visant à freiner l’explosion des dépenses sanitaires (6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 pour les taxis conventionnés), menace selon les syndicats de réduire leur chiffre d’affaires de 30 à 40 %. « On ne parle plus de patients, mais d’argent », s’indigne Emmanuelle Cordier, présidente de la FNDT, sur RMC.

Pour l’Assurance-maladie, ce modèle favorisera les taxis dans les zones rurales et réduira les trajets à vide grâce à des plateformes hospitalières centralisées. Marguerite Cazeneuve, numéro 2 de la Cnam, assure que les chauffeurs pourraient être « gagnants » s’ils optimisent leurs courses. Mais les taxis rejettent ces arguments, exigeant le gel immédiat de la convention et le maintien des tarifs actuels. Ils dénoncent aussi la concurrence déloyale des VTC, accusés de contourner les règles, ravivant ainsi une vieille querelle qui avait éclaboussé le président Macorn impliqué dans les « Uber files ».

Le transport sanitaire, vital pour 85 % des taxis, représente parfois 90 % de leurs revenus, notamment en milieu rural. Une « journée blanche » est décrétée : aucun transport médical, sauf pour les dialyses à Bordeaux, n’est assuré, risquant de compliquer l’accès aux soins. Les chauffeurs, qui ont manifesté à sept reprises ces derniers mois, demandent une table ronde avec Matignon. « Si le maire de Pau ne nous reçoit pas, ce sera le Premier ministre », prévient Stéphane Abeilhon, de l’OST31.

Cette mobilisation, qui pourrait être reconduite, reflète une tension croissante. Les taxis, se voyant comme des acteurs essentiels de la santé publique, refusent de « mourir en silence ». Un nouveau front pour l’exécutif qui voit également la colère agricole se raviver depuis quelques jours.