Empêché par la Constitution de briguer un troisième mandat consécutif en 2027, Emmanuel Macron semble pourtant garder un œil attentif sur l’horizon politique. Invité sur TF1, il a soigneusement évité de fermer la porte à un retour en 2032, se contentant d’un laconique : « Quand j’aurai fini [l’actuel mandat], je réfléchirai à la suite ». Une réponse en apparence anodine, mais qui en dit long sur une ambition toujours en sommeil.
Car si la Constitution interdit de s’accrocher au pouvoir sans interruption, elle n’interdit pas le retour par une porte latérale. Âgé de 49 ans à la fin de son second mandat, celui qui s’est imposé jeune comme chef d’État semble désormais envisager le temps long. Il l’a dit : il se battra « jusqu’au bout ». Reste à savoir où s’arrête ce fameux « bout ». Car depuis les « rencontres de Saint-Denis » avec les dirigeants des partis politiques en 2023, où il aurait qualifié la limite constitutionnelle des mandats de « funeste connerie », les rumeurs d’un retour différé en 2032 enflent dans les cercles macronistes.
L’histoire récente de la Ve République offre pourtant des exemples de présidents qui, malgré leur influence considérable, ont su s’arrêter. Charles de Gaulle, président de 1959 à 1969, François Mitterrand, après quatorze années à la tête de l’État, Jacques Chirac, après douze ans de pouvoir, ont quitté la scène sans jamais exprimer la moindre tentation d’un troisième mandat. Ces figures, respectées au-delà de la France, ont incarné une forme de retenue républicaine, une compréhension instinctive des limites du pouvoir.
À deux ans de l’élection présidentielle 2027, un sondage Ifop pour l’observatoire Hexagone, réalisé du 11 au 30 avril 2025 auprès de 10 000 personnes, dessine un paysage politique bouleversé. Le Rassemblement national (RN) domine le premier tour avec 32 à 35 % des intentions de vote, mais une surprise émerge : Jordan Bardella, président du RN, surpasse légèrement Marine Le Pen, fragilisée par sa condamnation à une peine d’inéligibilité en mars 2025, bien qu’elle ait fait appel. Cette enquête, qui ne prédit pas les résultats définitifs mais reflète les dynamiques actuelles, montre Bardella plébiscité par 89 % des sympathisants RN, contre 85 % pour Le Pen, marquant un glissement vers le jeune eurodéputé.
Édouard Philippe, maire du Havre et leader d’Horizons, s’impose comme le principal rival. Unique candidat du bloc central, il obtiendrait 22 à 26 % des voix au premier tour, devançant largement Gabriel Attal (14 %). Sa stratégie de discrétion médiatique et son ancrage dans l’électorat macroniste (89 % souhaitent sa candidature) le positionnent en favori pour le second tour. Face à Bardella, le duel serait indécis (50/50), mais contre Le Pen, Philippe l’emporterait légèrement (52/48). Ces projections restent fragiles, avec 28 % des sondés indécis pour ces scénarios.