Lors de son intervention télévisée de plus de trois heures sur TF1 le 13 mai, Emmanuel Macron a tenté de reprendre la main sur la scène politique intérieure après plusieurs mois concentrés sur les enjeux internationaux. Dans une émission intitulée « Emmanuel Macron - Les défis de la France », animée par Gilles Bouleau, le président a répondu à des personnalités comme Sophie Binet (CGT), Robert Ménard (maire de Béziers) et aux questions des téléspectateurs. Mais loin de rallier, l’exercice a déclenché une volée de critiques de la part des oppositions qui jugent l’intervention creuse et déconnectée.
Un président « à bout de souffle » et un « bavardage en vain »
À gauche, les réactions sont cinglantes. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a résumé l’interview comme un « non-événement », déclarant sur X : « J’ai rien raté. Il n’a rien dit, rien proposé. ».
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure déplore de son côté : « J’aurais souhaité qu’Emmanuel Macron propose un référendum aux Françaises et aux Français sur la question des retraites », tandis que la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier qualifie l’émission de « pétard mouillé ». Fabien Roussel (PCF) regrette l’absence de réponses concrètes aux propositions de Sophie Binet, notamment sur la nationalisation d’ArcelorMittal.
A droite, le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella dénonce « un bavardage vain qui ne masque plus son impuissance généralisée », regrettant l’absence d’un référendum sur l’immigration, une demande récurrente de son camp.
Éric Ciotti, allié au RN, fustige un président « hors-sol » qui persiste dans le « déni » malgré ses échecs électoraux.
Quant à Laurent Wauqiez, candidat à la présidence des Républicains (LR), il a déclaré à la télévision publique le 14 mai au matin : « J'ai trouvé ça long et assez vague. J'ai trouvé que c'était un macronisme finissant. On a l'impression que ce macronisme est à bout de souffle ».
Même au sein de la majorité, l’enthousiasme est limité. Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, admet que le format de l’émission manquait de « vision structurée ».
Présent sur le plateau, Robert Ménard, dont le positionnement politique est changeant, avertit qu’un référendum serait perçu comme un vote « pour ou contre Macron » au vu de sa faible popularité.
Avec 4,9 millions de téléspectateurs, l’audience reste modeste pour le président Macron qui essaye de poursuivre sa remonté en matière de cote de popularité, lui qui avait gagné 4 points fin mars après son changement de cap sur la condamnation des crimes de l’armée israélienne. Un positionnement qu’il a confirmé lors de son passage télévisé du 13 mai.