Ce mardi 13 mai, Emmanuel Macron investit les écrans de TF1 pour une émission-fleuve de plus de deux heures, intitulée « Emmanuel Macron – Les défis de la France ». Le chef de l’État en a fait la promotion sur ses réseaux sociaux, donnant rendez-vous aux Français pour cet évènement cathodique.
Face à Gilles Bouleau et Darius Rochebin, le président répondra à des personnalités comme Sophie Binet (CGT), Tibo InShape ou encore Robert Ménard, ainsi qu’à des questions de téléspectateurs.
Entre lassitude et agacement
Mais avant même sa diffusion, cette intervention suscite une vague de critiques, l’opposition y voyant une tentative de reconquête médiatique dans un contexte de fragilité politique.
L’émission, qui abordera géopolitique, économie, sécurité et sujets de société, est perçue comme une opération de communication pour repositionner Emmanuel Macron au centre du jeu national, après une dissolution ratée en 2024 et une impopularité persistante en dépit d’une embellie en mars.
Sur le réseau social X, de nombreux internautes critiquent cette nouvelle mise en scène audiovisuelle. Ludovico Blanco, président d’association, dénonce « 2 h de propagande » et la présence du maire de Béziers Robert Ménard, « le Thénardier de Béziers, qui ne rêve que de devenir son Ministre ! ».
La perspective d’un référendum, évoqué depuis ses vœux du 31 décembre 2024, alimente les tensions. Si Macron pourrait annoncer une consultation sur des sujets comme la fin de vie ou la réforme territoriale, l’idée divise. François Bayrou, Premier ministre en difficulté, plaidait pour un référendum sur les finances publiques, mais l’Élysée semble privilégier des thèmes moins clivants.
Les deux grands quotidiens nationaux, Le Figaro et Le Monde, d’ordinaire peu critiques à l’endroit du chef de l’État, se montrent plutôt sceptiques quant à ce rendez-vous présidentiel.
Le Figaro rapporte ainsi les propos d’un « cadre de la coalition gouvernemental » selon qui « Macron est en train de se refaire la cerise sur l’international, donc il a la tentation naturelle de remettre les mains dans le cambouis. Il ne peut pas s’en empêcher ». Dans les colonnes du Monde l'éditorialiste Françoise Fressoz déplore : « Les annonces d’Emmanuel Macron sur TF1 risquent d’apparaître comme de la diversion si un chemin crédible n’est pas tracé pour réduire les déficits et la dette publique ».
L’entourage de Macron défend un « moment nécessaire » pour répondre aux préoccupations des Français, de la guerre commerciale à l’insécurité. Mais pour beaucoup, cette grand-messe télévisée risque de renforcer l’image d’un président en quête de lumière, sans majorité pour transformer ses paroles en actes. Le rendez-vous de ce soir, loin de clarifier son cap, pourrait bien accentuer les fractures politiques.