France

Euthanasie : un débat français qui s’enflamme sur fond d’inquiétudes éthiques

Le débat sur l’euthanasie s’intensifie à l’Assemblée nationale, où les propositions de loi sur l’aide à mourir suscitent des craintes. Les opposants alertent sur les dérives possibles d’un texte jugé flou, plaidant pour une priorité aux soins palliatifs.

Le 12 mai, l’Assemblée nationale a rouvert un débat brûlant sur l’euthanasie et le suicide assisté, à travers l’examen de deux propositions de loi sur la fin de vie. Si le texte sur l’aide à mourir, porté par Olivier Falorni, est présenté par celui-ci comme « solide et équilibré » et soutenu par les loges maçonniques, il soulève de vives inquiétudes, notamment parmi les opposants qui redoutent une rupture éthique majeure.

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a tenté de poser des garde-fous, insistant sur une « auto-administration » de la substance létale et une éligibilité réservée aux patients en « phase avancée ou terminale » d’une maladie incurable. Pourtant, des voix s’élèvent pour dénoncer un cadre trop vague. Philippe Juvin, député LR et médecin, alerte sur le risque d’englober des patients ayant encore plusieurs années à vivre, comme ceux atteints de cancers métastasés ou de troubles psychiatriques.  « Aucun pays n’est allé aussi loin dans l’ouverture et la faiblesse des contrôles », s’indigne-t-il, pointant une « société d’abandon ».

 

Des opposants mobilisés

 

À l’extérieur de l’Hémicycle, l’association Alliance Vita a mobilisé des milliers de militants partout en France et notamment à Paris, dénonçant une loi qui pourrait fragiliser les plus vulnérables. « Soigner, c’est aider à vivre jusqu’au bout, pas administrer la mort », martèle Tugdual Derville, son président.

Les manifestants, allongés sur le bitume pour symboliser un « hôpital à ciel ouvert », plaident pour un renforcement des soins palliatifs, insuffisants pour 50 % des patients qui en ont besoin. « Une telle loi risque de faire peser une culpabilité sur les plus âgés, qui se sentiront inutiles », confie Étienne, un participant de 71 ans.

L’association SFAP, qui défend les soins palliatifs, dénonce de son côté une « rupture avec l’éthique médicale » et des « critères d’accès flous et extensibles ».

L’avocat et éditorialiste Erwan Le Morhedec, engagé pour la défense des soins palliatifs et opposant au texte, dénonce « la propension des euthanasistes à tordre les mots, les concepts, la vérité ». 

Marion Maréchal, eurodéputée nationaliste, juge le texte « terrifiant » et « indécent », craignant un « glissement inéluctable » vers l’euthanasie pour des personnes handicapées ou en détresse psychologique, comme observé au Canada ou en Belgique. Elle dénonce une « loi pour les pauvres », où la précarité pourrait pousser à choisir la mort faute de soins.

 

Face à ces critiques, l’idée d’un référendum, évoquée par Emmanuel Macron, pourrait apaiser les tensions, mais les opposants insistent : la priorité doit être d’améliorer l’accompagnement des malades, non d’ouvrir la porte à une solution fatale aux contours incertains.