Dans un contexte où la sécurité reste une priorité nationale, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a récemment évoqué l'utilisation de la reconnaissance faciale comme un moyen de renforcer la sécurité en France. Selon lui, cette technologie pourrait constituer un levier efficace pour lutter contre l'insécurité, notamment en permettant une identification rapide des individus dans les espaces publics et les transports en commun.
Une technologie au service de la fluidité des transports
Lors d'une interview diffusée sur la chaîne YouTube Legend, Darmanin a mis en avant le potentiel de la reconnaissance faciale pour simplifier les procédures d'embarquement dans les aéroports, en accélérant les contrôles d'identité et en réduisant les files d'attente. Le ministre estime que cette technologie peut moderniser les systèmes de sécurité tout en optimisant l'efficacité des services publics et la gestion des flux de passagers.
Il a notamment comparé les délais d'attente dans les aéroports, évoquant l'exemple de Roissy, où il peut parfois falloir jusqu'à 1h30 pour passer les contrôles, contre seulement 10 minutes à Dubaï, grâce à l'utilisation de la reconnaissance faciale. De son côté, le ministre des Transports a soutenu ces propos le 6 mai sur Franceinfo, soulignant que cette technologie pourrait fluidifier les transports et améliorer le contrôle des passagers.
Cependant, la reconnaissance faciale est déjà utilisée dans certains lieux en France. Elle est déployée dans plusieurs aéroports parisiens et à Lyon, ainsi qu’à la Gare du Nord pour l'embarquement des trains Eurostar à destination de l'Angleterre. Bien qu'elle soit encore relativement peu présente dans la vie quotidienne, elle commence à se généraliser dans les espaces publics.
Reconnaissance faciale : une technologie prometteuse mais risquée
L’argument de la rapidité est souvent mis en avant pour promouvoir la reconnaissance faciale, parfois au détriment des préoccupations liées à la sécurité. Cette promesse de fluidité séduit également des secteurs privés, comme certains magasins en Chine et au Japon, où il est désormais possible de régler ses achats en scannant simplement son visage.
Caroline Lequesne, maîtresse de conférences en droit public, a souligné dans une interview pour Mediapart que les entreprises exploitant les aéroports ou développant des technologies comme la reconnaissance faciale ont bien compris que le consentement du public se gagne avant tout par l’aspect pratique de ces systèmes. Selon elle, la simplicité d’utilisation, comme déverrouiller un smartphone ou couper une file d’attente, facilite leur acceptation sociale.
Les dangers de la reconnaissance faciale pour la vie privée
Toutefois, certains experts soulignent les risques que la reconnaissance faciale pose pour la vie privée et la protection des données personnelles. Ella Jakubowska, de l'ONG EDRi, a averti que les individus ne devraient pas être incités à échanger des informations aussi sensibles que leurs visages contre la simple promesse d’une file d'attente plus courte.
Pour les experts en intelligence artificielle, le plus grand danger de la reconnaissance faciale ne réside pas seulement dans ses erreurs techniques, mais dans les risques qu’elle représente pour la vie privée. Comme le soulignent plusieurs spécialistes, c'est le fait que cette technologie fonctionne de manière si efficace ce qui constitue une véritable menace.