Le 28 avril, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a annoncé sur le plateau de TF1 vouloir réinstaurer une contribution financière des détenus pour couvrir une partie des frais d’incarcération. « Jusqu’à 2003, les détenus participaient aux frais d’incarcération, comme il existe un forfait hospitalier. Je vais rétablir ces frais », a-t-il déclaré.
Cette annonce, adressée dans une lettre aux agents pénitentiaires, s’inscrit dans une volonté de renforcer la discipline carcérale et de répondre aux défis budgétaires du système pénitentiaire français.
Le coût exorbitant des prisons françaises
Le fonctionnement des prisons représente un coût colossal de près de 4 milliards d’euros par an, soit environ 10 millions d’euros par jour. Face à cette charge, Gérald Darmanin propose une participation « symbolique mais importante » des détenus, excluant les indigents et les personnes en détention provisoire. « Il ne s’agit pas de faire payer les 4 milliards aux détenus mais de contribuer au service public de la justice », a-t-il précisé. Les fonds collectés seraient intégralement dédiés à l’amélioration des conditions de travail des agents pénitentiaires, un engagement salué par certains mais critiqué pour son manque de clarté.
Pour concrétiser cette mesure, Gérald Darmanin soutient deux propositions de loi déjà déposées à l’Assemblée nationale, qui pourraient être examinées prochainement. Il a reçu, dans cette démarche, le soutien du Rassemblement national par la voix du député Jean-Philippe Tanguy qui a affirmé sur BFM TV : « On ne va pas cacher ou bouder notre plaisir quand on reprend des mesures que nous proposons »
Cependant, la proposition suscite une levée de boucliers, notamment de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot. « Quand vous visitez un endroit occupé à 250 %, bourré de vermine, vous pensez que ça vaut une participation ? », s’est-elle indignée sur franceinfo le 29 avril, dénonçant les conditions de vie déplorables des prisons.
La surpopulation carcérale, avec 82 152 détenus pour 62 539 places au 1er mars 2025 (soit un taux de 131,7 %), aggrave les tensions. Ces critiques trouvent un échos particulier alors que les centres éducatifs fermés pour mineurs voulus par Gérald Darmanin ont été épinglés dans un reportage diffusé par France Télévision le 28 avril mettant en cause l’ « hygiène déplorable », le « personnel pas qualifié » ou encore les « locaux inadaptés ».
Les critiques soulignent également le risque d’aggraver les inégalités, les détenus les plus précaires étant déjà privés de ressources. Si le ministre de la Justice assure que les indigents seront exemptés, les modalités pratiques restent floues.