Le «conclave» sur les retraites, lancé en janvier 2025 par François Bayrou pour réviser la réforme de 2023, vacille dangereusement. Les récentes sorties du Premier ministre, qui a catégoriquement rejeté un retour à 62 ans pour l’âge légal de départ à la retraite, ont provoqué une onde de choc parmi les partenaires sociaux. La CFDT, pilier du dialogue social en France, a pris la parole ce mercredi 19 mars par la voix de sa secrétaire générale, Marylise Léon, pour déclarer sur BFMTV/RMC : «Le conclave tel qu’il est conçu est terminé.» Une sentence lourde de conséquences, alors que Force ouvrière (FO) et le syndicat patronal «Union des entreprises de proximité», l’U2P, ont déjà claqué la porte et que la CGT s’apprête à suivre.
Pour la CFDT, les propos de Bayrou représentent une rupture du contrat initial. «Il a mis un coup de canif dans le contrat, on est en désaccord», a asséné Marylise Léon, après une rencontre mardi avec le chef du gouvernement. Ce dernier, en fermant la porte à toute discussion sur l’âge de départ, a sapé les bases d’une négociation censée être ouverte, sans «totem ni tabou». La syndicaliste ne mâche pas ses mots : face à un exécutif qui «change les règles du jeu» et à des partenaires sociaux désunis, elle se dit «la seule adulte dans la pièce».
Le dialogue se poursuit néanmoins
Pourtant, la CFDT ne tourne pas complètement le dos aux discussions. Jeudi, lors de la prochaine réunion de la «délégation paritaire permanente», elle compte poser de nouvelles bases : «On va se retrouver parmi ceux qui ont envie de travailler et on va définir des nouvelles règles et des nouveaux sujets», a-t-elle annoncé. Parmi ces priorités, la question de l’âge reste centrale. «C’est le cœur du réacteur», insiste Marylise Léon, déterminée à rouvrir ce débat essentiel, aux côtés d’autres thèmes comme la pénibilité ou l’égalité femmes-hommes.
Ce positionnement vise à maintenir le dialogue social, tout en défiant le cadrage imposé par Bayrou. Mais le risque d’effondrement du conclave plane. Avec le départ imminent de la CGT et les réticences du Medef, les marges de manœuvre s’amenuisent. Si la CFDT parvient à rallier les acteurs restants autour d’une nouvelle feuille de route, le processus pourrait survivre. Sinon, ce «conclave» pourrait devenir un symbole d’échec pour le gouvernement Bayrou, déjà fragilisé par les critiques et les menaces de censure.