France

Régionales : comment le discours du parti socialiste a évolué en quelques jours

Montée du Front national (FN) lors des régionales : du déni à l'acceptation, l'évolution du discours du Parti socialiste (PS) ressemble étrangement aux cinq phases d'un deuil.

Dimanche soir, c’est le choc : le Front national arrive en tête dans six régions, les listes frontistes obtiennent 27,96% des voix au niveau national devant les listes de droite et du centre avec 26,89% et les listes PS qui récoltent 23,33% des voix.

Première réaction de Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement : le déni. Après l’annonce des résultats, il estimait que le «total des voix de gauche en faisait le premier parti de France». Le lundi, il persiste et signe en déclarant sur Europe 1 : «On peut remporter de nombreuses régions, ce qui n’était pas prévu».

Ensuite vient l’incompréhension, la colère. Manuel Valls répondait mardi 8 décembre au député communiste Gaby Charroux (Bouches-du-Rhône) lors des questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale. Il déclarait à propos du vote frontiste : «s’en tenir aux seules explications économiques et sociales, même si elles sont indéniables, ça ne suffit pas». Il a donné le contre-exemple des bons résultats de Jean-Yves le Drian en Bretagne, une région pourtant touchée par de nombreux conflits sociaux : «Et vous voyez bien que parfois les électeurs, dans des circonstances difficiles, peuvent être amenés à faire aussi d'autres choix et, en l’occurrence, à avoir fait confiance au ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian», a répondu le Premier ministre.

Par la suite, il s’est adressé aux électeurs frontistes : «Je leurs dis : voter Front national, ça ne sert à rien, ce n’est pas crédible, c’est un parti qui n’apporte aucune solution à ceux qui souffrent et qui les trompe. C’est ça l’enjeu de dimanche prochain».

Pour Catherine de Paris, conseillère régionale socialiste du Nord-Pas-de-Calais qui a obtenu 18,12% des voix bien loin derrière les 40,64% de la liste de Marine Le Pen, c’est l’incompréhension qui domine. Elle déclarait alors à Francetvinfo: «Les électeurs s'imaginent que tout peut aller mieux avec le Front national». A la question de savoir si elle est en colère, elle répond : «Non, ce n'est pas le sentiment qui domine, c'est plutôt l'incompréhension».

Après le déni, la colère, vient la phase des négociations : l’entre deux-tours. Les consignes du PS sont claires, les listes doivent se retirer pour faire barrage au Front national. Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, a appelé ce mercredi à voter pour les listes Les Républicains et à faire barrage au Front national. Elle a déclaré sur ITélé: «Je comprends le désarroi des militants [...] on en est à appeler à voter pour les candidats de droite, ça pose question, et on se posera ces questions après. Mais là, il n’y a pas le choix». Seul, Jean-Pierre Masseret s’est maintenu contre l’avis du parti qui lui a d’ailleurs retiré son investiture de candidat pour la région du grand Est.

Ce mercredi matin sur BFMTV/RMC, Manuel Valls a assuré qu’il garderait sa place à Matignon si le Front national remportait une ou plusieurs régions. Un début d’acceptation ?

Il ne manque plus qu’une phase de grande dépression et d’acceptation au PS, et ils seront passés par les cinq phases classiques du deuil.