Le ministre français de la Justice s’est dit favorable à la riposte graduée mise en place par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans la crise opposant la France à l’Algérie.
Commentant le refus d’Alger d'accueillir une soixantaine de ses ressortissants visés par une procédure d’expulsion de la France, le garde des Sceaux a déclaré : «Ce n’est pas une humiliation, le travail du ministre de l’Intérieur, c’est de faire comprendre au pays d’origine, l’Algérie évidemment ici, mais c’est le cas de tous les autres pays, qu’ils doivent reprendre leurs ressortissants que nous ne voulons plus sur notre territoire.»
Évoquant son passage par la place Beauvau, Gérald Darmanin a indiqué avoir réussi à expulser 40 % des personnes en situation irrégulière, grâce à «des discussions extrêmement dures». Il a ajouté que, pour parvenir à ses fins, il avait divisé par deux le nombre de visas accordés aux Algériens. «Ces moments de tension existent, ils sont très regrettables, l’Algérie doit entendre la volonté de la France», a déclaré le ministre de la Justice.
Rappeler l’ambassadeur et mettre fin aux visas diplomatiques
Gérald Darmanin a souligné la nécessité de rappeler l’ambassadeur de France à Alger dans une logique de réciprocité : «Il n’y a plus d’ambassadeur d’Algérie en France depuis plusieurs mois… il faut rappeler notre ambassadeur.» Il a ensuite expliqué que, dans la logique de la riposte graduée, il «faudra mettre fin au visa diplomatique qui aujourd’hui aide tout un tas de personnes en Algérie qui ne sont pas le peuple algérien qui subit cette situation, mais les dirigeants algériens et leurs familles qui viennent sans visa en France».
Le ministre a précisé que le nombre de visas diplomatiques s’élevait à quelques dizaines de milliers et qu’il faudrait les supprimer pour faire pression sur les responsables politiques et économiques algériens avant d’envisager d’autres mesures.
« Il faut pouvoir parler avec l’Algérie »
Interrogé sur les déclarations de la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, qui prône une rupture totale avec l’Algérie, Gérald Darmanin a répondu : « On voit bien que Madame Le Pen n’a jamais, je crois, dirigé le pays. Elle ne voit pas comment fonctionne une relation avec le plus grand pays d’Afrique, l’Algérie. »
Il a ajouté qu’il était pour le maintien d’un dialogue avec Alger «parce qu’ils ont des frontières qui nous intéressent, également avec la Libye et le Mali». Il a conclu en soulignant qu’il fallait maintenir une relation avec l’Algérie, tout en précisant : «Mais ça ne veut pas dire qu’il faut être naïf».