France

Le mandat d’amener lancé par Paris contre Guillaume Soro durcit les relations entre Paris et Abidjan

La Côte d'Ivoire a officiellement protesté ce mardi auprès de la France, après le mandat d'amener délivré par la justice française contre le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, actuellement à Paris.

Le ministre des Affaires étrangères de Côte d'Ivoire, Charles Koffi Diby, a convoqué l'ambassadeur français à Abidjan ce mardi pour protester contre le mandat d'amener émis à l'encontre du président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, qui se trouve actuellement en France, à Paris, pour participer à la COP 21. «J’émets une vive protestation contre le mandat d’amener émis dans le cadre d’une plainte du fils de l’ex-président Laurent Gbagbo», a-t-il indiqué, au cours d'une conférence de presse.

«Il bénéficie d’une immunité absolue»

La juge d'instruction du Tribunal de grande instance de Paris, Sabine Kheris, a lancé ce mandat d'amener – qui permet d'obliger une personne mise en examen à répondre à une convocation – dans le cadre de l'affaire Michel Gbagbo. Le fils de l'ancien président ivoirien a porté plainte en 2012 contre Guillaume Soro et contre dix autres anciens chefs rebelles pour «traitement dégradant et inhumain», suite à son arrestation en 2011, au moment de la chute de son père, Laurent Gbago.

«Le président de l’Assemblée est en mission officielle de représentation à travers un mandat que lui a donné le président de la République. Il bénéficie d’une immunité absolue. Nous exigeons que le mandat soit annulé. [Il] viole complètement les accords de coopération, la convention de Vienne et les traités pour les immunités», a poursuivi le ministre ivorien des Affaires étrangères. Il a convoqué l'ambassadeur français en Côte d'Ivoire, Georges Serre, pour lui remettre une lettre à l'intention du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Guillaume Soro toujours en France

Selon la juge d'instruction française, l'ancien Premier ministre de la Côte d'Ivoire avait reçu une convocation pour être entendu en tant que «témoin assisté» dans cette affaire le 21 octobre dernier alors que l'élection présidentielle ivoirienne se tenait le 25 octobre. Les avocats de Guillaume Soro, Maître Benoit et Maître Mignard, se sont déclarés choqués lundi par le lancement de ce mandat d'amener. Ils ont indiqué avoir pris contact à «plusieurs reprises» avec la juge d'instruction afin de «mettre en place un cadre de coopération avec la justice français ». Guillaume Soro devait également rencontrer ses homologues français Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et Laurent Larcher, qui préside le Sénat.

«M. Guillaume Soro a une confiance totale en la justice française. Il déposera d’ailleurs dans les plus brefs délais une plainte pour dénonciation calomnieuse à l’encontre de Michel Gbagbo et tous les autres», a déclaré son avocat Maître Benoit. Selon son entourage, le président de l'Assemblée nationale ivoirienne s'attendait à une telle convocation. Pour l'instant, l'intéressé ne semble pas être inquiété outre mesure...

Lire aussi: Côte d'Ivoire, un miracle économique en demi-teinte