«L’union nationale autour de nos armées existe, ce qui n’empêche pas un débat politique sur notre défense, qui doit être éclairé. J’ai convié cette semaine les présidents de groupes parlementaires à une réunion avec l’état-major des armées et nos services de renseignement.» Dans un message posté sur le réseau social X le 9 mars, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a confirmé sa volonté affichée dans le journal La Tribune du dimanche de rencontrer les responsables des différents partis politiques pour évoquer les questions de défense nationale.
Le ministre a par ailleurs précisé que ces échanges se feraient «dans un cadre confidentiel».
«Ceux qui nient la menace russe»: Lecornu tente d’intimider Marine Le Pen
Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire, le ministre évoque les menaces qui, selon lui, planent sur la France et l’Europe alors que les États-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, se désengagent du conflit ukrainien. Il estime ainsi qu’«il faut impérativement réduire l’écart entre les informations dont bénéficient ceux qui sont aux responsabilités exécutives et les parlementaires». Cette rencontre, organisée en huis clos et «sans téléphone portable», réunira les présidents des groupes parlementaires, parmi lesquels Marine Le Pen du Rassemblement national (RN), le socialiste Boris Vallaud (PS) ou encore l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, devenu chef de file des députés Renaissance. Les participants auront l’opportunité de «poser librement des questions» à l’état-major des Armées et aux services de renseignement.
Le ministre ne cache pas sa défiance envers certaines formations, en particulier le Rassemblement national, qu’il tacle avec vigueur. «Je ne suis pas certain que les questions internationales soient celles sur lesquelles cette famille politique soit le plus à l’aise», assène-t-il, visant la position modérée du RN sur la guerre en Ukraine, dont la présidente de groupe Marine Le Pen a toujours défendu la Crimée comme étant russe.
Le ministre ajoute dans le même entretien: «Ceux qui nient la menace russe se trompent et engagent leur crédibilité pour l’avenir car leurs propos vieilliront mal», dans une critique à peine voilée de celle qui fut trois fois candidate à l’élection présidentielle.
Sébastien Lecornu se félicite cependant d’un point de convergence : toutes les forces politiques, de La France insoumise au RN, soutiennent l’idée d’une autonomie stratégique pour la France. «C’est un solide point de départ», note-t-il.
Si la date précise de cette réunion reste confidentielle, elle s’inscrit dans une offensive de l’entourage présidentiel pour tenir une ligne qui se veut dure contre Moscou, qui avait qualifié la prise de parole d’Emmanuel Macron le 5 mars à la télévision de «conflictuelle», et alors qu’une partie de l’opposition se montre hostile à la politique internationale qu’entend mener le président de la République en Ukraine, comme a pu le montrer le rassemblement contre la guerre initié par le président des Patriotes Florian Philippot le 8 mars à Paris.