La France pourrait déployer des armes nucléaires en Allemagne si les États-Unis décidaient de retirer leur contingent américain d'Europe, a rapporté le journal britannique The Daily Telegraph le 24 février. Selon le quotidien, citant un responsable français, ce serait un «message fort» à Moscou, et le déploiement d'avions de chasse français porteurs d'ogives nucléaires sur le territoire allemand «ne devrait pas être difficile».
The Daily Telegraph, citant des responsables allemands, a également souligné qu'une telle initiative des autorités françaises pourrait encourager le Premier ministre britannique Keir Starmer à faire de même. Friedrich Merz, qui devrait devenir le prochain chancelier allemand après la victoire de son parti aux élections législatives le 23 février, a appelé le Royaume-Uni et la France à étendre leur défense nucléaire, alors qu'il cherche à assurer «l'indépendance» de l'Europe par rapport aux États-Unis.
Le quotidien britannique, citant des diplomates allemands, a également précisé que les négociations entre Berlin et Paris sur cette question n'avaient pas encore commencé car le parti conservateur allemand, l'Union chrétienne-démocrate, vainqueur des élections législatives en Allemagne, est occupé à former un gouvernement de coalition. En même temps, selon l'un de ces diplomates, l'initiative française augmenterait la pression sur Londres au sujet de la contribution britannique à la sécurité européenne. The Daily Telegraph a par ailleurs souligné que l'Allemagne était «prête à payer» pour la défense française.
Florian Philippot, chef du parti français Les Patriotes, s'est prononcé contre le déploiement d'avions de combat français à armement nucléaire en Allemagne. «La dissuasion nucléaire c'est aux Français, c'est à la France !» s'est-il exclamé sur X.
Pour le moment, seuls la France et le Royaume-Uni disposent de leurs propres armes nucléaires en Europe. Le reste de l'arsenal nucléaire déployé sur le territoire des pays de l'OTAN appartient aux États-Unis. L'Allemagne ne possède pas d'armes nucléaires: il lui a été interdit d'en disposer à la fin de la Seconde Guerre mondiale et le pays a signé le Traité de non-prolifération nucléaire en 1968.
Cependant, conformément aux accords de partage nucléaire de l'OTAN, une vingtaine de bombes nucléaires américaines se trouvent sur le territoire allemand, à la base aérienne américaine de Büchel. Ici se trouve également un escadron de chasseurs Tornado de l'Armée de l'Air allemande, seul avion allemand adapté à l'emport de missiles à tête nucléaire. La décision de lancement de ces missiles est prise exclusivement par les États-Unis.
Le 19 février, le président américain Donald Trump a déclaré aux journalistes qu'il ne souhaitait pas retirer toutes les troupes américaines d'Europe dans le cadre des accords sur le règlement du conflit en Ukraine. Il a toutefois précisé que cette «question n'a pas vraiment été évoquée». Le 20 février, The Wall Street Journal, citant une source, a rapporté que le chef du Pentagone, Pete Hegseth, avait fait remarquer, lors de son voyage en Europe, que les États-Unis avaient l'intention de retirer certaines troupes américaines de la région européenne.
Le 21 février, Friedrich Merz, dans une interview accordée à la chaîne allemande ZDF, a exprimé des doutes sur la volonté des États-Unis de respecter inconditionnellement l'obligation de défense mutuelle prévue par le traité de l'OTAN. Il a souligné que les Européens devraient «faire des efforts significatifs pour être en mesure de défendre au moins leur subcontinent».