«Interdire les connexions Wi-Fi libres et partagées» durant l’état d’urgence et supprimer les «connexions Wi-Fi publiques», «sous peine de sanctions pénales». Ces propositions musclées rapportées par le Monde font partie des doléances des policiers qui visent à suggérer de nouvelles mesures sécuritaires dans le cadre des deux projets de loi en cours d’élaboration, l’un sur l’état d’urgence, l’autre sur la lutte antiterroriste.
Selon le Monde, qui a eu accès à deux documents résumant les suggestions des différents services à l'attention du ministère de l'Intérieur, les forces de l'ordre auraient insisté, entre autres propositions, sur la nécessité d'encadrer les communications électroniques.
Parmi l'inventaire des besoins mentionnés, le Monde cite ainsi «interdire et bloquer les communications des réseaux [d’anonymisation sur Internet] TOR en France» ou encore «identifier les applications de VoIP [téléphonie par Internet] et obliger les éditeurs à communiquer aux forces de sécurité les clefs de chiffrement»
Le quotidien précise néanmoins que ces suggestions sont pour le moment simplement à l'étude et pas encore arbitrées par la place Beauvau.
Contexte alarmant
Interrogée par RT France sur ces propositions, la Quadrature du net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur internet représentée par Philippe Aigrain, ne souhaite pas se prononcer tant que le gouvernement n'y a pas réagi. «Que la police fasse des demandes, c'est une chose. Ce n'est pas une surprise, ça fait des années qu'il y a des demandes pour contrôler le développement de ces technologies et porter atteinte à la possibilité de les utiliser. Nous attendons la réaction du gouvernement pour émettre un jugement».
Philippe Aigrain s'est en revanche exprimé sur le contexte dans lequel interviennent ces propositions, contexte qu'il juge inquiétant pour les libertés publiques et individuelles : «Nous nous opposons frontalement à la prolongation de trois mois de l'état d'urgence ainsi qu'au renforcement des mesures qui peuvent être prises dans ce contexte, car malheureusement, la liste des abus liés à ce contexte nous confirme dans l'idée que l'on n'utilise pas l'état d'urgence pour éviter des attentats mais pour installer un ensemble de mesures très autoritaires, mettre hors circuit le judiciaire et mener une politique pas respectueuse des droits humains. A cet égard, qu'on s'apprête à adopter une révision de la Constitution dans le contexte de l'état d'urgence nous inquiète particulièrement».