France

Manuel Valls veut répartir les coûts de la lutte contre le terrorisme

Le Premier ministre français a prononcé mercredi un discours devant la commission européenne, exhortant ses partenaires européens à partager les coûts de la lutte contre le terrorisme et ainsi prendre leurs responsabilités en matière de sécurité.

Manuel Valls a déclaré mercredi devant les commissaires européens dans une réunion à huis clos que «L'armée européenne existe (...) c'est la France qui en assume le plus gros de la charge».

Le locataire de Matignon fait ici écho au Président  qui s’était exprimé dans des termes similaires lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg au mois de février.

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Le Premier ministre poursuit : «L'Europe a désarmé et a affaibli ses défenses, explique le premier ministre. J'ai noté avec intérêt ce que Jean-Claude Juncker a déclaré il y a quelques jours sur une armée européenne. Ma réponse est simple: cette armée, elle existe, en l'état ... car c'est la France qui en assume le plus gros de la charge, notamment au Mali et au Sahel, pour lutter contre le terrorisme»

Jean Claude Junker a la semaine dernière relancé l’idée de la création d’une armée européenne, suscitant des réserves de la part de nombreuses capitales,  en tête.

La France est en effet présente sur de nombreux fronts (opex) ces dernières années avec notamment l’opération Serval au Mali débutée en janvier 2013, suivie de l’opération Barkhane au Sahel à partir d’Aout 2014. Les «opérations extérieures» ont coûté l’an dernier à la France quelque 1,1 milliard d'euros, soit plus du double des 450 millions initialement inscrits au budget de la loi de finance 2014. En 2015, comme chaque fois depuis 15 ans, la réalité devrait rapidement dépasser les 450 millions d’euros prévus à l’origine.

Manuel Valls invite les autres pays à «avoir un débat sur la manière de mieux mutualiser les dépenses et de les répartir entre Européens», en pointant que «la responsabilité de la sécurité européenne n'est pas équitablement répartie».

Cette déclaration prend d’autant plus de relief à la lumière des évènements tragiques de mercredi à Tunis, de nombreux touristes européens ayant été les victimes d’une attaque armée vraisemblablement terroriste.

Selon un haut responsable français cité par le Figaro «A l'extérieur, la France intervient pour son compte, mais aussi pour toute l'Europe». Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, n’est pas insensible à ce discours et concède qu’il est «en faveur d'une prise en charge plus collective de cet effort de défense».

Cette intervention du Premier ministre a lieu alors qu’un nouveau délai a été accordé à la France pour ramener son déficit public sous la barre des 3 %, objectif fixé par , faisant au passage grincer quelques dents. Le ministre des finances irlandais, Michael Noonan regrette par exemple que «six ou sept pays dont la France ont droit à une marge de manœuvre».