«Je tiens à exprimer mon indignation face aux propos récents du président Macron, qui frisent le mépris envers l’Afrique et les Africains. Il se trompe d’époque», a déclaré Mahamat Idriss Déby Itno lors d’une allocution prononcée au palais présidentiel, dans le cadre des vœux de début d'année.
Le locataire de l'Élysée, lors de la conférence des ambassadeurs et ambassadrices tenue le 6 janvier, a déclaré que «la France a eu raison d’intervenir militairement au Sahel contre le terrorisme depuis 2013», mais les dirigeants africains ont «oublié de nous dire merci», a-t-il lancé ajoutant qu' «aucun d’entre eux» ne gèrerait un pays souverain sans cette intervention.
Évoquant le retrait militaire français des pays africains, Macron a affirmé : «Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence. Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce.»
Par ailleurs, le dirigeant tchadien a riposté «en ce qui concerne le Tchad, la décision de mettre fin à l’accord de coopération militaire avec la France est entièrement une décision souveraine du Tchad. Cela ne souffre d’aucune ambigüité,» a-t-il fait savoir.
Décembre dernier, le Tchad a exigé le retrait complet des forces françaises d'ici le 31 janvier. Paris dispose ainsi de quelques semaines pour rapatrier ses 1 000 soldats et équipements militaires. Cet ultimatum marque un nouveau tournant dans le refroidissement des relations entre N'Djamena et Paris.
Le 7 janvier, un nouveau contingent de 70 militaires s'est retiré de la capitale tchadienne, accompagné de 8 tonnes de fret.
«Sans les soldats africains, la France serait allemande»
L'intervention d'Emmanuel Macron a suscité une vive polémique en Afrique. Ses déclarations également été fermement condamnées le 6 janvier au Sénégal par le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a contesté l'idée que le retrait annoncé des soldats français de son pays aurait fait l'objet de négociations entre Paris et Dakar.
«Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée,» a fait savoir Ousmane Sonko. «Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté , en tant que pays libre, indépendant et souverain,» a-t-il mis en évidence.
Le Chef du gouvernement sénégalais n’a pas hésité à rappeler le président français que «si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, allemande,» a-t-il retroqué.
Entre 2022 et 2023, le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso ont pris la décision de mettre fin à la présence militaire de Paris sur leurs terres, réclamant le retrait des troupes françaises.