«Rodrigue Petitot, président du RPPRAC, à l'initiative du mouvement contre la vie chère en Martinique est maintenu en détention jusqu'au 21 janvier. Tous les moyens sont bons pour tuer un mouvement social. En attendant, rien n'a changé».
L’ancienne Gilet Jaune Priscilla Ludosky, colistière des écologistes aux dernières élections européennes, s’est indignée sur X du placement en détention le 5 décembre du meneur de la contestation contre la vie chère en Martinique, Rodrigue Petitot.
A l’issue d’une audience à la cour d’appel de Fort-de-France, le président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) a ainsi été écroué. Le 11 novembre il s’était introduit au domicile du préfet de l’île pour lui demander des comptes.
Une incarcération prévue jusqu’à son procès le 21 janvier
Le principal intéressé avait déjà été condamné à dix mois de prison ferme aménageable pour intimidation d’élus, il sera cette fois écroué jusqu’à son procès le 21 janvier, la Cour d’appel ayant délivré un mandat de dépôt.
Rodrigue Petitot, surnommé «le R» par ses soutiens, avait déjà été placé sous contrôle judiciaire, le 15 novembre, lors d’une audience de comparution immédiate mais le parquet de Fort-de-France avait fait appel de cette décision. Ce militant politique, qui a passé sa vie entre la Martinique et la métropole, est connu pour son mantra «On est chez nous ici».
Le militant, habituellement soutenu par la gauche Insoumise n’avait toujours pas bénéficié du soutien du parti mélenchoniste une journée après sa mise en détention.
L’avocat Juan Branco fait partie des rares personnalités à lui avoir apporté son soutien. «En Martinique, l'Etat vient de décider que le principal meneur du mouvement social contre la vie chère [...] passera les fêtes de noël et du Nouvel an en détention provisoire.», a-t-il lancé sur son compte X et de s’interroger dans un autre message : «est-ce parce que les mesures annoncées pour baisser les prix au 1er janvier viennent d'être suspendues ?».
Les avocats du président du RPPRAC fustigent de leur côté, selon des propos rapportés par Le Monde, «une décision de justice qui est commandée peut-être par des motifs politiques».
Rodrigue Petitot avait été reconnu coupable, le 2 décembre, d’intimidations visant des maires de Martinique, et condamné à dix mois de prison ferme aménageable.
Alors que les tensions semblaient avoir baissé depuis le 4 novembre et la fin du couvre-feu et des mesures restrictives de vente de produits inflammables ou explosifs, l’île caribéenne pourrait connaître un regain contestataire.
Le RPPRAC de Rodrigue Petitot n’a pas signé l’accord du 16 octobre visant à «réduire de 20% en moyenne les prix de vente […] pratiqués sur une liste de 54 familles de produits», jugeant cette diminution insuffisante, ceux-ci étant en Martinique en moyenne 40% supérieurs à ceux de la métropole. En un peu plus de deux mois, les manifestations ont fait 4 morts et 140 personnes ont été interpellées lors des violences sur l’île.