France

Déficit public : Bruno Le Maire répond devant le Sénat

L’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire a été auditionné par la commission des Finances du Sénat le 7 novembre. Il a tenté de justifier l'aggravation du déficit public durant son passage à Bercy.

«Si nous étions les seuls responsables […] nous serions à l’équilibre aujourd’hui». Lors de son audition devant la commission des Finances du Sénat le 7 novembre 2024, l’ancien ministre des Finances a répondu aux questions des parlementaires pendant plus de deux heures. Le ministre a chargé ses prédécesseurs et rejeté toute forme de «faute» ou de «dissimulation». Sa prestation lui a valu de vives critiques de la part du président de la commission des finances au Sénat, Claude Raynal.

« Il n’y a eu ni faute, ni dissimulation, ni volonté de tromperie », Bruno Le Maire plaide non coupable

Durant la matinée d’échanges qu’il a eu avec les sénateurs, l’ancien ministre de l’Économie, qui a passé plus de 7 années à Bercy, a clamé son innocence dans le déficit public de la France qui devait revenir à 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) mais a atteint en réalité 6,1 % du PIB.

Le ministre a affirmé : «Il n’y a eu ni faute, ni dissimulation, ni volonté de tromperie», concédant cependant «une grave erreur d’évaluation des recettes à laquelle j’ai répondu avec détermination».

Celui qui disait vouloir mettre l’économie russe à genou en 2022  a ensuite reporté la faute sur les services de son ministère, évoquant une évaluation erronée des recettes par les services de Bercy. Une évaluation sur laquelle il n’a pas eu son mot à dire. Le rapporteur du budget au Sénat, Jean-François Husson des Républicains (LR) s’est étonné de cette ligne de défense, lui rétorquant : «Votre déclaration m’inquiète quand vous dites qu’il y a une étanchéité totale entre le ministre et les services sous votre autorité, chargés de prévoir les recettes. C’est, de mon point de vue, préoccupant».

Le président de la commission des finances au Sénat, Claude Raynal, membre du Parti socialiste, a  souligné de son côté : «Personne dans notre pays n’a eu la responsabilité de gérer les finances publiques pendant une durée aussi longue, or cette période est aussi celle qui a connu l’évolution la plus inquiétante». Le même sénateur a ensuite réagi à cette commission auprès de la chaîne Public Sénat déclarant que «Bruno Le Maire est resté solidaire d’un bateau ivre et non contrôlé»

Le président de la commission a même ouvert la voie à un nouveau scandale, s’interrogeant sur la possibilité que le gouvernement ait laissé «filer le déficit pendant la campagne des européennes».

Ce à quoi l’ancien ministre a répondu qu’il y aura «d’autres auditions pour poser cette question» faisant référence à la future audition du Premier ministre Gabriel Attal.

Sur la défensive, l’ancien ministre dénonce «le poids de la dépense sociale» et se pose en victime

Dans sa justification, l’ancien ministre a fait valoir «le poids de la dépense sociale» et «notre volume de travail insuffisant» et d’affirmer «toutes les commissions d’enquête du monde ne changeront rien à cette réalité». Une réponse qui a agacé le rapporteur, qui voit ici «la théorie libérale classique» et rappelle que Bruno Le Maire avait «fait baisser les recettes de l’État en période de crise».

Le ministre a également affirmé : «Je suis ici, après des mois où j’ai dû subir des attaques et des mensonges sur ce que j’ai fait, pour redonner un certain nombre d’éléments de vérité».

Après Bruno Le Maire, Elisabeth Borne et Gabriel Attal seront aussi auditionnés au Sénat dans les semaines à venir. L'ancien ministre de l'Économie sera pour sa part entendu une nouvelle fois fin novembre par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale menée par l’Insoumis (LFI) Éric Coquerel et le député et président de l’Union des droites pour la République (UDR) Éric Ciotti.