«Un recul du nombre de lits en état d’accueillir des patients de 1,3 % et une progression du nombre de places de 4,1 % en 2023». C’est la donnée d’apparence contradictoire publiée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) dans un rapport publié le 31 octobre 2024.
Parmi les informations phares, l'une aura marqué les esprits et suscité des réactions : la suppression de près de 4 900 lits dans les hôpitaux en France. La direction statistique explique cette évolution par un changement de «l’offre de soins».
Une politique sanitaire toujours très critiquée
«Les lits d’hôpitaux sont fermés par manque de personnel et les difficultés à en embaucher». L’eurodéputé socialiste Nora Merabek met en cause le gouvernement et Emmanuel Macron qui, selon elle, s'en prennent aux «fonctionnaires en permanence» et dégradent «leurs conditions de travail causant l’effondrement du service public».
La publication du rapport de la DREES arrive en effet en pleine polémique alors que le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian est mis en cause pour sa volonté de réduire l’absentéisme dans la fonction publique et donc dans les hôpitaux. Le 30 octobre, déjà, quatre syndicats appelaient à la mobilisation réclamant plus de moyens pour l’hôpital public, et plusieurs centrales s’étaient mobilisées aux abords de l’Assemblée nationale pour faire valoir la place du monde médical dans le projet actuellement débattu à l’Assemblée.
Certains observateurs, à l’image de l’avocat François Couilbault, pointent du doigt la politique sanitaire du gouvernement durant la crise du Covid 19 : «Après avoir fait croire que le Covid était responsable de la crise des hôpitaux les destructeurs de la santé publique (Macron, 1er Ministre, Ministre de la santé) ont continué de détruire l'hôpital».
«Réorganiser les soins vers plus d’ambulatoire»
Selon le rapport de la DREES, l’offre sanitaire évolue en France, et cette suppression de lit s’expliquerait par «une hausse importante de la capacité de l’hospitalisation partielle (sans nuitée) et de l’hospitalisation à domicile, avec en parallèle une diminution continue des capacités d’hospitalisation complète (lits)». La suppression de lits serait aussi imputable à «des innovations en matière de technologies médicales et de traitements médicamenteux». Le très médiatique médecin urgentiste Matthias Wargon a ainsi commenté cette information : «Commençons par vider les hôpitaux rapidement en permettant des solutions à l’extérieur de l’hosto ». Selon lui, «ce n’est que quand on aura optimisé les sorties qu’on saura combien il manque de lits et dans quels services».
Une lecture de l’évolution de «l’offre» sanitaire que contestent les syndicats et les élus de gauche, mais qui semble suivie par la DREES qui vante la création de «3 489 places d’hospitalisation partielle, sans nuitée» et donc une augmentation globale du nombre de places, précisant que «contrairement à un lit de nuit, une «place» de jour peut généralement accueillir plusieurs patients quotidiens».
Enfin la DREES fait valoir que ces évolutions reflètent une volonté des pouvoirs publics de «réorganiser les soins vers plus d’ambulatoire», mais aussi les pénuries de personnel qui ne «permettent pas de maintenir» tous les lits ouverts.