Plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Fort-de-France, en Martinique, le 19 octobre, pour protester contre le coût élevé de la vie. Cette manifestation s’est déroulée malgré l’annonce, faite le 16 octobre, d’un accord visant à réduire de 20% les prix de certains produits alimentaires. Cet accord, signé par les autorités et les distributeurs, n’a pas suffi à calmer la colère populaire, particulièrement celle du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), qui a refusé d’y adhérer.
Lors de cette manifestation du 19 octobre, le leader du mouvement, Rodrigue Petitot, alias «le R», a été acclamé par la foule, qui portait du rouge, couleur symbolique du mouvement. Il a critiqué l’accord, affirmant qu’il ne concernait qu’une partie limitée des produits alimentaires. Selon lui, l’accord signé par l’État ne couvre que 6 000 articles, ce qui reste insuffisant face à la flambée des prix qui touche l'ensemble de l'île. Rodrigue Petitot a qualifié cet accord d’«échec» et a encouragé la foule à poursuivre la lutte.
«Les choses ne font que commencer, le mouvement va s’étendre», a-t-il déclaré, suscitant l’approbation générale.
La Martinique connaît, depuis le mois de septembre, une série de manifestations qui ont parfois dégénéré en violences urbaines. Des barrages routiers, des pillages et des incendies ont été rapportés, avec pour point culminant l’envahissement de l’aéroport de Fort-de-France.
Ces troubles ont conduit les autorités à instaurer un couvre-feu partiel du 18 au 26 septembre, suivi de nouvelles restrictions de circulation nocturne à partir du 10 octobre. Le couvre-feu, de 21h à 5h, a été prolongé jusqu'au 21 octobre dans toute la Martinique, a annoncé la préfecture dans un communiqué le 14 octobre, en réponse aux récentes violences urbaines.
Malgré ces mesures, la population semble déterminée à maintenir la pression sur les autorités. Les manifestants demandent une intervention directe du ministre français des Outre-mer François-Noël Buffet, sans quoi ils menacent de bloquer la circulation sur l'île.
Le protocole signé entre l'État et les distributeurs comporte 28 engagements, incluant la réduction des prix sur des produits alimentaires dans les hypermarchés de l’île. Ces réductions devraient concerner environ 6 000 articles, mais ce chiffre reste controversé. Les représentants du RPPRAC estiment que la portée de cet accord est limitée par rapport aux besoins réels des habitants, dont le pouvoir d’achat est gravement affecté par des prix 40% plus élevés que dans l’Hexagone.