Le déficit public de la France est l’«un des pires de notre histoire». Le nouveau ministre de l’Économie Antoine Armand s’est ainsi exprimé ce 24 septembre sur les ondes d'une radio publique. «À part une ou deux années de crise exceptionnelle ces 50 dernières années, on a un des pires déficits de notre histoire. Donc, sur ce plan-là, la situation est grave», a-t-il déclaré
Le 22 septembre, ce même ministre félicitait son prédécesseur Bruno Le Maire, estimant avoir de «la chance d’hériter d’un tel bilan». Antoine Armand a par ailleurs évoqué deux pistes d’imposition envisagées par le gouvernement : des «prélèvements ciblés sur les ménages les plus aisés» et des «prélèvements ciblés sur les entreprises».
Il a par ailleurs affirmé vouloir «rouvrir le dialogue avec les partenaires sociaux en vue de redresser les finances publiques» mais a pris soin d’écarter les classes moyennes de ces hausses d’impôt, conforment aux instructions du chef de gouvernement Michel Barnier.
Le Medef «prêt à discuter»
Les déclarations du nouveau locataire de Bercy succèdent à celle du président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, qui affirmait dans un entretien accordé au journal Le Parisien publié le 23 septembre : «Nous sommes prêts à discuter d’une hausse d’impôts des entreprises», en fixant toutefois des conditions.
Il a ainsi exigé que l’État fasse «des efforts bien supérieurs à ce qu’il demande aux entreprises» en matière d’«excès de dépenses publiques». Des propos qu’il a confirmé ce 24 septembre sur la radio publique : «N’allons pas accentuer la pression fiscale pour que ça parte dans le puits sans fond de la dépense publique, commençons par la réduire.»
Patrick Martin entend par ailleurs que l’effort consenti par les entreprises «n’enraye pas la dynamique d’investissement et de création d’emplois dans une conjoncture économique très fragile». Se disant «dans une attitude constructive à l’égard de ce gouvernement», il évoque également une «situation des finances publiques […] très grave».
Une préparation de l’opinion à des hausses d’impôt ? Les oppositions demeurent discrètes
Le 22 septembre, le Premier ministre Michel Barnier avait évoqué, lors de sa première intervention télévisée, des «prélèvements ciblés sur les personnes fortunées, ou certaines grosses entreprises» pour contribuer à redresser les finances publiques. Le nouveau chef de gouvernement avait précisé : «Je ne vais pas alourdir encore les impôts sur l'ensemble des Français, ni sur les plus modestes, ni sur les gens qui travaillent, ni sur les classes moyennes. Mais je ne peux pas exclure de l'effort national pour redresser la situation les plus riches, les personnes les plus fortunées.»
Une imposition ciblée sur les plus riches qui permet de contourner les mises en garde des ministres sortants Gabriel Attal et Gérald Darmanin qui ont fait d’une hausse d’impôts une ligne rouge à ne pas franchir pour le nouveau gouvernement.
La veille déjà, son ministre de l’Économie s’en était tenu à cette ligne dans un entretien accordé au Journal du dimanche (JDD) en affirmant qu’il ne «serait pas le ministre de la confiscation fiscale», déclarant également que les «censeurs tous azimuts» ne devaient pas empêcher le gouvernement d'agir.
«Exclure d’office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable»
«Dans le contexte budgétaire, exclure d’office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable», a-t-il par ailleurs prévenu, tout en affichant une volonté de privilégier des réductions de dépenses à des hausses d’impôts. «Si la solution était d’augmenter les impôts, la France serait depuis longtemps la première puissance mondiale», a-t-il taclé.
Peu de personnalités politiques se sont opposées à ces annonces concernant de potentielles hausses des prélèvements. «Première mesure du gouvernement prétendument de droite ? Hausse d’impôts !», a déploré l’eurodéputé Sarah Knafo du parti Reconquête.
Du côté des Insoumis, c’est aussi une eurodéputée qui s'est exprimée. «Pas de hausse d'impôt... sauf pour les travailleurs pauvres ?», a réagi sur X (ex-Twitter) Manon Aubry à un article de La Tribune évoquant la piste de Bercy de geler le barème de l'impôt sur le revenu. Opération qui, par le jeu de l'inflation, peut notamment pousser des milliers de bas salaires dans la première tranche d'imposition.
«En 2013, 840 000 foyers qui ne payaient pas d'impôts ont dû verser de l'argent au fisc et beaucoup d'autres ont vu grimper l'addition», rappelle ainsi le journal économique français.