C’est un ministre sur le banc des accusés qui s’est présenté en commission des finances, le 9 septembre à l'Assemblée nationale. Accompagné du ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, Bruno Le Maire a répondu aux questions et aux attaques des oppositions sur l’état des finances publiques françaises.
«Notre modèle social, c'est ce qui risque de faire déraper réellement les comptes publics dans les années à venir», a notamment déclaré Bruno Le Maire, ministre depuis plus de sept ans. Mis en cause par les oppositions, il a tenu a donner des conseils au nouveau gouvernement alors que la situation des finances publiques inquiète tant à l’Assemblée nationale qu'au Sénat.
Le ministre démissionnaire a également distillé des conseils au prochain gouvernement, exigeant de s’attaquer «enfin» aux dépenses publiques et évoquant notamment le «modèle social» français. «Le reste, c’est de la poudre de perlimpinpin», a-t-il remarqué, reprenant une formule d’Emmanuel Macron.
Des déclarations qui n’ont pas manqué d’agacer au sein de la commission, mais aussi au-delà. «Notre modèle social ne "menace" pas nos finances publiques, il protège les Français», a fustigé sur X (ex-Twitter), le sénateur socialiste Alexandre Ouizille. «Ce qui les menace, c’est votre refus dogmatique de taxer l’argent oisif. Mépris social ET mauvaise foi économique», a-t-il poursuivi.
Dans la salle, la séance de questions et d’échanges de la commission a rapidement tourné à l’affrontement, Bruno Le Maire devant faire face à de vives critiques de l’ensemble des forces politiques en présence.
«Vous êtes un voleur», tance un député de La France insoumise
Le député de La France insoumise (LFI) Aurélien Le Coq a violemment pris à parti le ministre démissionnaire de l'Économie lors de sa dernière audition à l’Assemblée. «La commission auditionne aujourd’hui un voleur», a-t-il lancé, accusant ensuite le gouvernement d'avoir «volé les élections», en référence au refus d'Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire (NFP). Avant d'enchaîner sur une autre accusation : le gouvernement sortant aurait, selon lui, «volé méthodiquement l'argent des Français pour l'offrir aux plus riches de ce pays».
«Vous avez fait exploser la dette de 900 millions d’euros et vous voulez la faire payer aux Français», a également affirmé le député LFI, accusant Bruno Le Maire de préparer «une nouvelle saignée pour 2025». Le président de la commission des finances, Éric Coquerel (également LFI), a de son côté pointé du doigt les prévisions budgétaires «fantaisistes» du gouvernement.
Les autres oppositions n’ont pas été en reste, le député du Rassemblement national (RN) Jean-Philippe Tanguy dénonçant «l'autosatisfaction» du gouvernement démissionnaire, avant d'évoquer un «désastre budgétaire».
Le rapporteur général du budget Charles de Courson, du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), a quant à lui mis en doute l'argumentaire de Bruno Le Maire consistant à faire porter la responsabilité du dérapage budgétaire sur l'augmentation des dépenses des collectivités territoriales.
Une hausse qui, selon Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, constituerait le «principal risque» pour les comptes publics de 2024. Un argumentaire qui avait fortement déplu aux élus locaux.
«C’est un réflexe assez pavlovien pour Bruno Le Maire que de se défausser sur les collectivités», avait notamment raillé, début septembre, le vice-président Les Républicains (LR) du Sénat, Mathieu Darnaud, auprès de Public Sénat.
Toujours au Sénat, le rapporteur LR de la commission des finances, Jean-François Husson, avait dénoncé lors d’une conférence de presse une «trajectoire budgétaire présentée par le gouvernement [qui] était en réalité mensongère».