France

France : l'ancien ministre et commissaire européen Michel Barnier nommé Premier ministre

L'Élysée a annoncé ce 5 septembre en milieu de journée la nomination par Emmanuel Macron de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Il succède ainsi à Gabriel Attal, plus de 50 jours après la démission de ce dernier.

Les Républicains (LR) se félicitent, la gauche enrage et le Rassemblement national (RN) est placé en position d’arbitre. Après de longues journées de négociations, le président de la République a finalement nommé Michel Barnier Premier ministre, a annoncé l'Élysée ce 5 septembre.

Ancien commissaire européen, celui qui a commencé sa carrière politique sous le général de Gaulle devra satisfaire la droite et le centre, tout en évitant de fâcher le Rassemblement national. Le Nouveau Front populaire (NFP), quant à lui, s’est immédiatement insurgé contre cette nomination.

«Élection volée», «crise de régime» : la gauche s’insurge

«Emmanuel Macron a volé l'élection au peuple français», s'est insurgé sur X (ex-Twitter), dans la foulée de cette annonce du Château, Jean-Luc Mélenchon. «Emmanuel Macron nie officiellement le résultat des élections législatives», a-t-il dénoncé, soulignant que le nouveau locataire de Matignon était membre d'un «parti qui a été le dernier à l'élection législative». 

Le député de La France insoumise (LFI) Louis Boyard a de son côté appelé à la mobilisation pour la manifestation du 7 septembre. «On censure Barnier. On destitue Macron», a-t-il prévenu. Comme d’autres élus de gauche il a dénoncé les positions politiques de Michel Barnier, le qualifiant d’«obsédé par l’immigration» ayant «voté contre la dépénalisation de l’homosexualité» et qui s’opposerait «au partage des richesses».

Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure a quant à lui déploré un «déni démocratique porté à son apogée». «Nous entrons dans une crise de régime», a-t-il enchéri. «Libéral, européiste, anti-social, Barnier est aux antipodes du message envoyé par les Français aux législatives», a déploré le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel.

«Tout ça pour ça», s'est contentée de commenter la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier. «La nomination de Barnier est possible parce que Macron considère le RN plus fréquentable que LFI», a estimé la députée écologiste de Paris.

Les Républicains en soutien

Du côté de la droite et du centre, le son de cloche n'est clairement pas le même.

«Un homme d’État. Respectueux de tous. Totale confiance en Michel Barnier.» Dans un message posté sur X, l’ancien président du groupe LR à l’Assemblée nationale Olivier Marleix a résumé en quelques mots le sentiment de ses collègues à droite : la satisfaction.

La vice-présidente de l’Assemblée nationale Annie Genevard a de son côté tenu à adresser ses «sincères félicitations» et ses «encouragements» au nouveau Premier ministre. «Il connaît les priorités fixées par notre famille politique et destinées à répondre aux attentes et aux besoins des Français», a-t-elle affirmé.

Bon joueur, l’ancien ministre Xavier Bertrand, pressenti un temps pour le poste, a également félicité le nouveau chef de gouvernement. «Tous mes vœux de succès au service de la France et dans l’intérêt des Français face aux nombreux défis qui s’annoncent », a-t-il posté sur X.

«Nous jugerons sur pièces» : le RN se pose en arbitre

Interrogée dès la nomination annoncée, la présidente du groupe RN à l’Assemblée Marine Le Pen n’a pas donné de consigne en faveur d’une motion de censure de principe. «Nous attendons le discours de politique générale de Michel Barnier. L'immigration hors contrôle, l'explosion de l'insécurité, le pouvoir d'achat des Français et la modification du mode de scrutin sont des sujets qui devront être pris en considération», a-t-elle affirmé.

Le président du RN Jordan Bardella a également donné la marche à suivre : «Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action.»

Cette nomination marque la clôture d'une période de 51 jours depuis la démission de Gabriel Attal de son poste de Premier ministre, un record sous la Ve République.