«Après deux mois, le président de la République commence à comprendre qu’il a perdu les élections.» C’est la mine ravie que le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard s’est exprimé devant un parterre de journalistes à la sortie du palais de l’Élysée, ce 23 août.
Le choix du président n’est cependant pas arrêté et il devra tenir compte du refus de plusieurs partis de voir nommer des ministres issus de La France insoumise et même des rangs écologistes.
«Nous sommes extrêmement satisfaits [...] Nous avons eu une discussion très riche.» La candidate du NFP pour briguer le poste de chef de gouvernement n’a pas caché son enthousiasme au sortir de son entretien avec le président de la République ce 23 août, affirmant également : «Il a reconnu qu'un message avait été envoyé par les Français […] Il est lucide sur cela.»
«Le président a admis qu'il fallait un changement de politique »
Le ton était le même pour le secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel : «Le président a admis qu'il fallait un changement de politique.» Avant d’ajouter en forme d’avertissement : «Il est urgent qu'il en tire toutes les conséquences et nomme Lucie Castets à Matignon.»
Pour les Écologistes, Marine Tondelier a noté des «choses positives», soulignant que «l’ordre protocolaire» avait été respecté puisque la coalition des gauches arrivée en tête avait été reçue en premier.
Enfin le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure a évoqué un «signal important : le changement est possible et il est nécessaire».
LFI, le nœud gordien d’une coalition des gauches
L’enthousiasme des forces de gauche au sortir du palais de l’Élysée doit cependant être tempéré par la détermination d’autres forces politiques à ne pas voir arriver des membres de La France insoumise au gouvernement.
Ainsi, le ministre délégué au logement démissionnaire Guillaume Kasbarian a-t-il moqué le message de Lucie Castets en reprenant sa formule «Nous sommes prêts», évoquant pour sa part la motion de censure qui menace le futur gouvernement.
Arrivé en tête aux élections législatives, le NFP ne dispose que de 182 députés, soit moins d’un tiers de la chambre qui compte 557 députés. Le 23 août, une communication de l’Élysée affirmait que le président désirait nommer une équipe avec «la capacité pour un gouvernement à ne pas tomber à la première motion de censure déposée».
Or le centre macroniste Renaissance, Les Républicains, les ciottistes du parti À droite ! et le Rassemblement national ont tous affirmé qu’ils censureraient un gouvernement dans lequel figurerait des ministres insoumis. Un même vote est brandi en menace en cas de nomination de ministres écologistes et cela du fait de l’invitation par ce parti du rappeur Médine lors de leur université d’été de 2023. Le vote d’une motion par ces oppositions du centre et de la droite ferait inévitablement tomber un gouvernement de gauche.
Après avoir reçu les représentants des partis de gauche, le président accueillait les membres de sa majorité, parmi lesquels ses anciens Premier ministres Édouard Philippe pour le parti Horizons et Gabriel Attal pour Renaissance, ainsi que François Bayrou pour le MoDem.
Il recevra ensuite Les Républicains, le groupe Liot et le Parti radical de gauche. Le Rassemblement national et le parti d'Éric Ciotti seront quant à eux reçu le 26 août.