Une cérémonie amputée par la météo et pour laquelle seuls six chefs d’État africains ont fait le déplacement. Ce 15 août, Emmanuel Macron a présidé une commémoration du débarquement de Provence de 1944 en présence d’élus locaux, notamment du président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Renaud Muselier ou encore de l’ancien président Nicolas Sarkozy.
Au cours d’un discours fleuve prononcé à la nécropole de Boulouris à Saint-Raphaël dans le Var, le chef de l’État a multiplié les remerciements à l’endroit des troupes africaines qui ont débarqué sur les plages du sud de la France il y a huit décennies.
«Ils n'étaient pas de la même génération, ils n'étaient pas de la même confession […] Ils étaient pourtant l'armée de la Nation», a-t-il ajouté. Celui qui est également chef des armées a en outre vanté «l'armée la plus bigarrée et la plus fervente» lors du débarquement de Provence.
Plus tôt dans la matinée, l’Élysée avait annulé, du fait des conditions météorologiques, une partie des commémorations, notamment «l'accueil des chefs d'État et de gouvernement par le président de la République» à bord d’un porte-hélicoptères et «l'évocation historique du débarquement de Provence à Toulon».
Une délégation africaine peu nombreuse
La détérioration des relations de la France avec ses partenaires africains n’a pas empêché certains d’entre eux de faire le déplacement. Ainsi, le président du Cameroun Paul Biya a-t-il pris la parole au nom des chefs d'État étrangers : «Il n'y aurait pas eu de victoire alliée sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers, et autres tirailleurs». Il en a profité pour vanter le rôle des «combattants» venus d'Afrique, «héritiers de traditions guerrières immémorables, admirables de courage, d'audace et de loyauté».
Avec le chef d’État camerounais, cinq dirigeants ont fait le déplacement dans le sud de la France : Faure Gnassingbé pour le Togo, Faustin-Archange Touadéra pour la Centrafrique, Azali Assoumani pour les Comores, Brice Oligui Nguema pour le Gabon et le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch.
Lors des précédentes cérémonies d’importance du débarquement de Normandie en 1994, 2004 ou 2014, plus d'une quinzaine de dirigeants africains participaient à ces commémorations du débarquement de Provence.
Devoir de mémoire : le numéro d’équilibriste du président français
Certains États comme la Tunisie, la Côte d'Ivoire ou le Sénégal ont envoyé un ministre quand d’autres comme le Tchad ou le Bénin ont dépêché leur ambassadeur. Le Niger, le Mali et l'Algérie, avec qui les relations se sont refroidies voire tendues avec Paris, n'ont pas envoyé de représentants.
Le président Emmanuel Macron, dans un exercice mémoriel auquel il est rodé, n’a pas suscité un vif intérêt lors de ce déplacement. Peu commenté par la classe politique en France comme en Afrique, le discours du président a montré un dirigeant tiraillé entre le patriotisme et la repentance. Il a ainsi affirmé son intention de travailler à la reconnaissance de tous les soldats africains qui ont combattu à ses côtés pendant la Seconde Guerre mondiale et qui ont été tués par l'armée française au camp Thiaroi, près de Dakar. En revanche, le président français ne s’est pas exprimé sur les demandes croissantes de réparations de pays africains, formalisées par un partenariat en mai 2024.
La Russie n'a encore une fois pas été invitée
Dans une position politique délicate alors qu’il a perdu sa majorité et qu’il n’a toujours pas nommé de Premier ministre, Emmanuel Macron tente de reprendre la main avec ses tournées commémoratives.
En juin, il avait procédé de la même manière avant les élections européennes en médiatisant sa tournée commémorative pour le débarquement de Normandie, à l’occasion de laquelle la Russie n’avait pas été invitée, en dépit de son rôle déterminant lors de la Seconde Guerre mondiale.