Le poing levé contre les «inégalités de traitements» entre les artistes. Les images d’environ 150 danseurs protestant et refusant de participer à la dernière répétition de la cérémonie des Jeux olympiques de Paris ont fait le tour des réseaux sociaux le 22 juillet.
En toile de fond de ce conflit social, les revendications du Syndicat français des artistes-interprètes, une centrale dépendante de la CGT, qui se heurte à la société chargée des cérémonies d'ouverture des JO, Paname 24.
Le syndicat a déposé un préavis de grève pour le 26 juillet, jour de la cérémonie, et déplore des écarts salariaux allant de «60 euros pour les intermittents du spectacle à 1 610 euros pour les salariés ayant pu bénéficier d'une négociation collective fructueuse».
Des conditions de travail inégales
Auprès de France Info, un membre du syndicat s’interroge également sur les conditions asymétriques de défraiement. Ainsi, «certains artistes non parisiens sont et seront défrayés et logés, quand la majorité d'entre eux – les plus précaires – ne le sera pas, quand bien même ils et elles auraient les mêmes contrats de travail». L’organisation des Jeux se défend de son côté en faisant valoir l’application des conventions collectives applicables à la profession de danseur.
Le 19 juillet déjà, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris s’interrogeait sur les conditions de travail proposées par Paname 24, notamment aux jeunes musiciens, auprès de la presse spécialisée.
Plusieurs secteurs menacés
Le cas des danseurs n’est pas isolé. Le syndicat Force ouvrière Aéroport de Paris (FO-ADP) a déposé un préavis de grève pour le 26 juillet, le jour de la cérémonie d’ouverture des JO.
En cause, un accord passé avec la majorité des syndicats le 16 juillet que FO a refusé de signer car consacrant des «avancées partielles et modestes». Le préavis concerne une période s’étendant du 26 juillet à 5h du matin au 27 juillet à 7h du matin, soit le temps de la cérémonie d’ouverture. Une réunion de négociation, prévue ce 23 juillet à 15h30, pourrait permettre de débloquer la situation.
Macron veut une trêve des grèves
Ailleurs en France, le syndicat Sud des sapeurs-pompiers du Rhône et de la métropole lyonnaise a déposé un préavis de grève concernant l’intégralité de la compétition alors que 11 matchs de football se dérouleront dans la capitale des Gaules. Un mouvement social qui débutera dans la région le 24 juillet. Majoritaire, la centrale syndicale réclame «une véritable compensation» correspondant à celle de leurs collègues parisiens qui pourront toucher une prime de 1600 euros dans le cadre des JO 2024. Dans des propos rapportés par le journal local Le Progrès, un syndicaliste s’insurge : «Nous, en province, on n'a rien.»
Sur les réseaux sociaux, les associations et collectifs hostiles au Jeux se mobilisent et espèrent une multiplication des piquets de grève, à l’image du compte Révolte olympique ou de Saccage 2024.
Aux inquiétudes sécuritaires et aux polémiques internationales, notamment avec l’interdiction de la présence de journalistes russes et la présence d’athlètes israéliens, pourrait donc s’ajouter un risque de grèves paralysant une partie du pays et empêchant le bon déroulement des épreuves ou l’acheminement des spectateurs.
En avril, Emmanuel Macron avait réclamé une trêve olympique en Ukraine et à Gaza. Ce 23 juillet, il s’exprimera dans la soirée à la télévision française et pourrait demander, comme il l’a évoqué la veille lors de son passage au village des athlètes, une «trêve olympique et politique» qui intégrerait aussi les mouvements sociaux.