«Le hollandisme c'est comme les punaises de lit : tu as employé les grands moyens pour t'en débarrasser, tu y as cru quelque temps et tu as repris une vie saine (à gauche) mais en quelques semaines, ça gratte à nouveau et ça sort de partout...»
Sur le réseau social X (ex-Twitter), Sophia Chikirou, députée de La France insoumise (LFI) à Paris, n’a pas mâché ses mots après l’annonce de la proposition d’une candidature de l’économiste Laurence Tubiana comme Première ministre du Nouveau Front populaire (NFP).
Un constat largement partagé dans son parti. «Si c’est le profil sur lequel travaillent nos partenaires, je tombe de ma chaise», a commenté Manuel Bompard, coordinateur national des Insoumis, de passage sur le plateau de Télématin sur France 2. Pour lui, la candidature de l’économiste Laurence Tubiana n’est «pas sérieuse». Son arrivée consisterait à «faire rentrer par la fenêtre les macronistes chassés par les électeurs et électrices» lors des élections législatives.
Antoine Léaument a évoqué quant à lui une tribune signée le 11 juillet dans le journal Le Monde par cette économiste. Un texte qui appelle à tendre la main vers le centre macroniste et dans lequel il voit une ouverture vers de possibles renoncements.
«Je tombe de ma chaise», affirme Manuel Bompard à propos de la candidature Tubiana
D’autres élus, comme la députée de Seine-Saint-Denis Nadège Abomangoli, rappellent que Laurence Tubiana était «envisagée pour remplacer Édouard Philippe il y a quatre ans».
Une suspicion de macronisme qui ne passe pas et qu’Antoine Léaument illustre par l’enthousiasme pour cette candidature de l’ancien ministre de la Santé d’Emmanuel Macron, Aurélien Rousseau : «Son engagement est une chance pour la gauche et le pays.»
Vers une rupture du Nouveau Front populaire ?
Alors que le 15 juillet, ce sont les socialistes qui avaient rejeté seuls la candidature de la communiste Huguette Bello, les Insoumis, eux, s’isolent à leur tour et font l’objet de vives critiques de leurs alliés.
Le secrétaire général du Parti socialiste (PS) Olivier Faure a défendu sur France Inter une candidature qui «correspond complètement à ce que nous portons», quand son collègue Boris Vallaud s’enthousiasmait sur France Info : «Elle a refusé d'être ministre d'Emmanuel Macron, elle accepte d'être la première ministre du Nouveau Front populaire.»
Soutiens discrets à la candidature Tubiana, les Écologistes se sont peu exprimés sur cette dernière mais Sandrine Rousseau a néanmoins dénoncé ce qu’elle semble considérer comme du sexisme à propos des deux dernières candidatures : «Lancer des noms de femme, deux fois de suite, qui se font détruire minutieusement à l’instant où ils sont donnés, par tout ce réseau.» L’occasion pour la députée de Paris d’être prise à partie par l’Insoumise Nadège Abomangoli qui dénonce une «instrumentalisation du féminisme».
«Si on ne trouve pas de solution dans les heures, les jours qui viennent, ce serait un véritable naufrage»
Les critiques pleuvent aussi sur les Insoumis. Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel s'est ainsi inquiété sur BFMTV : «Si on ne trouve pas de solution dans les heures, les jours qui viennent, ce serait un véritable naufrage.» Et de poursuivre : «Je demande à La France insoumise de revenir à la table des discussions pour discuter de ce Premier ministre.» Le chef de file des communistes estime cependant qu'«il y a d’autres noms, il y a d’autres options», ne faisant pas de la candidature Tubiana un absolu.
Olivier Faure, lui, se montre plus offensif à l’égard de ses alliés LFI et estime qu’il faut «aller jusqu’au bout de la discussion. Trois formations sur quatre, et en réalité la majorité des parlementaires [du NFP] y sont favorables. Pourquoi considérer que la parole d’un seul s’impose à tous les autres ?». Une manière de placer les Insoumis en position minoritaire.
LFI s’oppose en effet sur le principe d’une candidature issue de la «société civile», défendu par ses trois alliés.
Divisé sur la candidature Bello, le NFP l’est désormais sur la candidature Tubiana. Le chef de file des Insoumis Manuel Bompard estime de son côté que la question du Premier ministre ne doit pas être la «priorité». Pour lui, il ne faut pas «perdre davantage de temps dans des discussions qui sont infructueuses» et se concentrer sur «une candidature commune» pour la présidence de l’Assemblée nationale qui fera l’objet d’un vote le 18 juillet. «S'il faut que les Insoumis renoncent à occuper cette fonction ou à proposer leur candidature à la présidence de l'Assemblée nationale pour permettre cette candidature commune, nous serons prêts à le faire», assure-t-il, en gage de bonne volonté.