«Soucieuse d’un accord rapide au sein du Nouveau Front Populaire (NFP), j’ai décidé de décliner sans plus attendre l’offre qui m’a été faite». La présidente communiste du Conseil régional de la Réunion, Huguette Bello, a renoncé à être la candidate des gauches pour «garantir l’unité du Nouveau Front populaire».
Dans un communiqué de presse paru dimanche 14 juillet 2024, elle dit « prendre acte» que sa candidature «ne fait pas l’objet d’un consensus en toutes les composantes du Nouveau Front Populaire» et «souhaite vivement qu’une solution nouvelle et consensuelle puisse être trouvée au plus vite».
Le nom d'Huguette Belo, députée depuis 23 ans, circulait depuis plusieurs jours. Les socialistes sont pointés du doigt pour le refus de cette candidate.
Les socialistes accusés de «blocage»
«Les négociations à gauche sont confrontées à une situation de blocage due aux refus permanents du Parti socialiste»: sur le plateau de BFM TV lundi 15 juillet, le coordinateur national des Insoumis Manuel Bompard n’a pas mâché ses mots contre le Parti socialiste (PS), qu’il accuse d’avoir bloqué la candidature d'Huguette Bello à Matignon.
Faisant valoir une candidature qui ne venait pas de son mouvement mais du secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel, le député s’est dit «en colère face à ces oppositions systématiques, à ces blocages, à ces veto» des socialistes. Il a par ailleurs dénoncé «l’opposition totale» du PS aux propositions venant de LFI.
Même son de cloche du côté de Clémence Guetté, député LFI et également évoquée comme potentielle chef de gouvernement. Cette dernière a estimé que «le blocage du PS est incompréhensible».
«Ton ambition personnelle ne peut bloquer un pays»
Dimanche, la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier esquissait aussi une critique semblable sur France Inter en déclarant: «Le problème que j’ai avec le PS, c’est qu’ils n’ont mis qu’un nom sur la table, Olivier Faure». Chez les communistes, le député de la Seine-Saint-Denis Stéphane Peu dénonçait, lui, un «gâchis».
Samedi et dimanche plusieurs élus Insoumis, écologistes et communistes avaient défendu la candidature d’Huguette Bello au poste de Premier ministre donnant lieu à quelques débuts d’accrochage sur les réseaux sociaux.
Le député Insoumis Antoine Léaument avait ainsi pris à parti Olivier Faure sur le réseau social X (ex-Twitter) en lui affirmant : « Tu dois comprendre que ton ambition personnelle ne peut bloquer un pays. Le NFP, c’est une équipe. C’est ensemble qu’on la fera gagner ». Les dissidents de LFI Raquel Garrido et Clémentine Autain suggèrent de leur côté un vote des parlementaires NFP pour choisir le candidat au poste de chef du gouvernement.
Pas de candidature avant le 18 juillet ?
Le NFP va devoir se trouver un autre candidat. Olivier Faure a tenté de se montrer rassurant lundi 15 juillet au micro de France 2 en affirmant : «On va trouver quelqu’un qui permet les grands changements auxquels les Français aspirent». Il a par ailleurs rejeté l’accusation de blocage vis-à-vis de la candidate communiste : «Rien n’a été bloqué, on a eu simplement une discussion». Le premier secrétaire du PS a par ailleurs affirmé que le nom de Martine Aubry «a été évoqué» dans les discussions du NFP pour Matignon, mais que cette dernière a décliné l’offre.
Olivier Faure entend par ailleurs temporiser et affirme : «Chercher le consensus, ça prend du temps». Il invite à «élargir, chercher la personnalité, peut-être quelqu’un de la société civile, qui cherchera à avancer ensemble et le fera dans un bon esprit».
Pour lui, «rien ne se fera avant le 18 [juillet]», jour de l’élection du président de l’Assemblée nationale. Pour le perchoir il affirme que les socialistes «ne soutiendront pas Yaël Braun-Pivet», la présidente macroniste sortante.
La question de la présidence de l’Assemblée sera l’occasion pour les gauches de se rabibocher ou de se diviser un peu plus. Pour Manuel Bompard, le NFP « doit s’accorder immédiatement sur une candidature commune» : « c’est le premier objectif puisque le président nous a mis au défi sur ce sujet de remporter le vote […]. Les Insoumis sont prêts à ce que le candidat ne soit pas issu de LFI ».
Parmi les noms qui circulent pour la présidence de la Chambre basse, celui de l’écologiste Sandrine Rousseau revient avec insistance. Cette dernière a d’ailleurs déclaré qu’elle « aimerait bien » occuper cette fonction. Les noms du communiste André Chassaigne ou encore du président du groupe socialiste Boris Vallaud ont également circulé.