«Il existe des rumeurs comme quoi le président de la République envisagerait demain [3 juillet], c'est-à-dire à quatre jours du second tour, de nommer le directeur général de la police nationale, alors qu'il devait rester jusqu'à la fin des JO, et le directeur de la gendarmerie nationale», a fustigé ce 2 juillet Marine Le Pen sur France Inter.
La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale craint que l’exécutif ne procède dans l’urgence à des nominations aux postes clés de la sécurité intérieure avant une éventuelle cohabitation.
À ses yeux, le gouvernement viserait, dans la précipitation, à «empêcher Jordan Bardella de gouverner le pays comme il le souhaite », si le Rassemblement national remporte la majorité absolue au second tour des législatives, le 7 juillet.
«C'est une forme de coup d'État administratif», a-t-elle estimé, avant d’espérer «que ceci relève uniquement de la rumeur». «Pour des gens qui donnent des leçons de démocratie à la terre entière, c'est quand même étonnant d'agir de cette manière-là», s'est-elle encore insurgée. Et Marine Le Pen de conclure : «Dans ces cas-là, il ne fallait pas dissoudre.»
L'information est partie du Journal du Dimanche : ce dernier révélait le 29 juin que de nombreuses nominations étaient attendues mercredi, lors du conseil des ministres pour placer des proches, à des postes stratégiques afin d’entraver les possibilités d’action de Jordan Bardella en cas de victoire du RN.
L’Élysée se justifie
Le camp présidentiel a de son côté balayé les accusations de Marine Le Pen, le député Clément Beaune jugeant sur BFMTV que «les mots et les comportements» de cette dernière étaient «gravissimes».
«Il y a depuis 66 ans [le début de la Cinquième République, ndlr] chaque semaine des nominations et des mouvements, notamment l’été, indépendamment des moments politiques traversés par nos institutions, et il n'est aucunement prévu qu’une de ces dispositions puisse changer dans les prochains mois», a déclaré la présidence de la République plus tard dans la journée.
Éric Ciotti, désormais allié au RN, a quant à lui évoqué sur Europe 1/CNews «une panique générale» et dénoncé des tentatives de «recaser les proches». «C'est un signe de défaite, peut-être de lucidité en la matière», a-t-il par ailleurs fait observer. «Ça s'est toujours fait», a-t-il conclu.
«Nous souhaitons gouverner, que les choses soient extrêmement claires», a aussi affirmé Marine Le Pen, interrogée sur le véritable désir de gouvernement d'un parti jusque-là cantonné à l'opposition. Mais «il est évident que nous ne pouvons pas accepter d'aller au gouvernement si nous ne pouvons pas agir», a-t-elle ajouté.
Les tensions s'accumulent en France au lendemain de la victoire au premier tour des législatives du RN, qui a obtenu 33,15% des suffrages. La coalition de gauche du Nouveau Front populaire a atteint 27,99%. Le camp présidentiel a quant à lui été mis en déroute, en troisième position avec seulement 20,8% des suffrages.