France

Viol à caractère antisémite : le crime enflamme la campagne des législatives

Le viol d’une jeune fille de confession juive de 12 ans par trois adolescents le 18 juin à Courbevoie a suscité l’indignation dans l’opinion et est devenu l’objet d’affrontements politiques à quelques jours du premier tour des élections législatives.

«Après les mots, il y a les coups et après les mots incendiaires, il y a des incendies !» Pour le ministre français de la Justice Éric Dupont-Moretti, le viol d'une adolescente de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) le 18 juin s’est déroulé dans un climat favorisé par les Insoumis.

Le ministre de la Justice a ainsi déclaré, le 19 juin lors d’un rassemblement devant l’hôtel de ville de Paris, que l’antisémitisme n’était pas «résiduel», faisant ainsi directement référence à Jean-Luc Mélenchon qui avait, dans l'une de ses notes, estimé que l'antisémitisme restait «résiduel» en France.

Le garde des Sceaux a également rappelé la sortie médiatique de Jean-Luc Mélenchon dénonçant le déplacement de la présidente de l’Assemblée nationale en Israël. Le meneur des Insoumis l’avait accusée en octobre 2023 de «camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre», une phrase qui avait fait polémique du fait de l’usage du mot «camper» et des origines juives de Yaël Braun-Pivet.

Le camp présidentiel et la droite accusent les Insoumis

Sur le réseau social X (ex-Twitter), le ministre de la Justice s'en était pris un peu plus tôt à Jean-Luc Mélenchon qui s'était déclaré «horrifié» par le viol de Courbevoie, estimant qu'il mettait «en lumière le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge, et du racisme antisémite». «Vos propos récurrents alimentent la haine qui mène au pire», avait répondu Éric Dupont-Moretti.

Le président du parti présidentiel Renaissance Sylvain Maillard a quant à lui évoqué un «antisémitisme d’ambiance» sur les ondes d’Europe 1. Quelques minutes plus tôt, celui dont le parti est au pouvoir depuis sept ans avait affirmé sur X : «Nous serons intraitables contre ceux qui véhiculent la haine de l’autre

Le ministre des Transports Clément Beaune, en campagne dans la 7e circonscription de Paris face à un candidat de l’union des gauches, s’est également exprimé devant l’hôtel de ville ainsi que sur ses réseaux sociaux, mettant en cause l’ensemble de LFI en réaction à un tweet du député Aymeric Caron évoquant le meurtre d’une jeune femme rom. «Le problème de LFI, ce n’est pas Mélenchon, c’est LFI», a-t-il estimé.

L’ancien Premier ministre Édouard Philippe, en campagne pour la majorité sortante, a lui aussi critiqué le député de La France insoumise.

À droite, Marine Le Pen a également visé LFI, dénonçant «la stigmatisation des juifs depuis des mois par l’extrême gauche à travers l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien».

«Tentative de polémique politicienne» : LFI riposte

Interrogé sur le plateau de LCI le 19 juin au soir, le coordinateur national des Insoumis Manuel Bompard s’est déclaré «horrifié par le viol commis à Courbevoie». «Toute tentative de polémique politicienne sur ce drame est infamante», a-t-il lancé, visant ici ses détracteurs de la majorité.

Aymeric Caron, mis en cause par une partie de la majorité sortante, s’est défendu sur ses réseaux sociaux en évoquant «une campagne de harcèlement numérique» orchestrée contre lui. Et de s’en prendre à la journaliste Anne Sinclair, qui l’avait mis en cause pour n’avoir pas réagi au viol de la jeune fille, en expliquant qu’il avait préféré reprendre «le très beau texte de François Ruffin» plutôt que de s’exprimer directement.

La présidente (sortante) du groupe Insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot a également condamné ce crime : «Un viol punitif avec motif antisémite est un crime d'une rare gravité.» À gauche, la tête de liste des socialistes aux européennes Raphaël Glucksmann s’en est pris indirectement à ses homologues de LFI le 19 juin, en marge d’un déplacement à Marseille et dans des propos rapportés par Le Monde. «Ça montre une chose : l’explosion de l’antisémitisme, qui est tout sauf résiduel dans notre société», a-t-il commenté, faisant ainsi référence à la formule de Jean-Luc Mélenchon.

Le 18 juin, les deux adolescents accusés de viol sur une jeune fille de 12 ans et eux-mêmes âgés de 13 ans ont été mis en examen. Il a été révélé par les enquêteurs qu’ils avaient proféré des insultes antisémites à l’endroit de leur victime.