France

Ciotti exclu des Républicains et retranché au siège du parti : vers une bataille politique et judicaire ?

L’accord d’Éric Ciotti avec le Rassemblement national scellé le 11 juin a provoqué un tollé dans les rangs des Républicains. Le président du parti a fermé les portes du siège avant d'être exclu de sa propre formation.

Un véritable sketch : poussé vers la sortie par l’ensemble des cadres de son parti, Éric Ciotti a empêché aux membres du bureau politique des Républicains (LR) de se rassembler à leur siège ce 13 juin. Ce dernier a fait évacuer le bâtiment et fermer ses portes. En fin de matinée, on l'a même vu parader au balcon, assurant travailler. Une scène surréaliste qui a poussé le bureau politique à se tenir hors des murs du parti. 

François-Xavier Bellamy et Annie Genevard remplacent Éric Ciotti à la tête des Républicains, a-t-il été annoncé à l'issue du bureau. Le chef de file de la liste LR aux élections européennes et la secrétaire générale du parti assureront un tandem intérimaire alors que le bureau politique du parti a exclu Éric Ciotti à l’unanimité de ses membres, selon un communiqué.

«Heureux qu'en un temps record et à l'unanimité, les dirigeants des Républicains aient mis en échec une tentative solitaire de hold-up de notre histoire gaulliste, de nos convictions et de nos valeurs.» Le sénateur Max Brisson s'est ainsi félicité le 12 juin de l’éviction du président des LR Éric Ciotti et de son remplacement temporaire. Pour LR, c’est le début d’une campagne législative délicate mais aussi d’un possible affrontement judiciaire avec leur ancien président.

Un casse-tête judiciaire pour LR ?

L’exclusion du président Ciotti le 12 juin n’était néanmoins pas légale, à en croire les différentes analyses des avocats. Ainsi maître Pierre Gentillet affirmait-il dans la foulée de l’éviction du président de LR que cette décision n'avait «aucune valeur juridique étant donné que les statuts des Républicains prévoient […] que le bureau politique ne peut se réunir que de deux façons : 1) Sur décision du président […] ; 2) À la demande d'un quart du Congrès ».

Les dirigeants LR ont donc convoqué le nouveau bureau politique pour «valider l’exclusion de M. Ciotti» ce 13 juin. Les cadres du parti ont affirmé dans un communiqué avoir «très largement recueilli plus du quart des signatures des conseillers nationaux LR qui maillent le territoire national». Et d’assurer : «La fin est proche.» L’usage du logo Les Républicains lors des élections législatives pourrait devenir un sujet de frictions entre les différentes factions en présence.

Une bataille politique en perspective

Tous les cadres du parti ont condamné l’action du président Ciotti mais celui-ci fait valoir le soutien de la moitié des adhérents de son parti. En effet, une étude Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro révèle que la moitié des sympathisants LR approuvent son alliance avec le RN. 

Côté personnalités, le président du parti doit se contenter de quelques noms, parmi lesquels une poignée de députés et d’eurodéputés. Le président des Jeunes Républicains Guilhem Carayon l’a également suivi, estimant sur le plateau de C8 : «Ce qui nous différencie avec le RN n’est rien au regard de ce qui nous rassemble.»

Le syndicat étudiant UNI, historiquement très proche des LR, a publié un communiqué dans lequel il apporte son soutien à Éric Ciotti : «Face au péril de la macronie et de l’extrême gauche, la jeunesse de droite doit s’unir et se mobiliser.»

Sur CNews, le maire de Salbris (Loir-et-Cher) Alexandre Avril, a aussi défendu le président Ciotti. «Les gens veulent une alternance avec le macronisme, qui est terminé, mais ils ne veulent pas que cette alternance soit la chienlit de l'extrême gauche», a-t-il justifié.

Mais en ce mois de juin, c'est surtout la droite qui se délite, entre cette affaire Ciotti aux Républicains et l'implosion de Reconquête, avec l'exclusion de Marion Maréchal par Éric Zemmour.