Ce 31 mai à l'aube, le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin s'est félicité sur X (ex-Twitter) du «succès» d'une «grande opération de police» dans le quartier de Rivière-Salée, «le dernier de Nouméa qui n’était pas sous contrôle». Deux semaines plus tôt, les autorités françaises avaient concédé ne plus pouvoir assurer le contrôle de plusieurs localités de Nouméa. Dans son message, Gérald Darmanin précise que 12 individus ont été interpellés.
Pour regagner le contrôle de ce territoire ultra-marin, les autorités françaises ont mobilisé quelque 400 policiers et gendarmes, parmi lesquels des membres du GIGN et du Raid ainsi que quatre escadrons de gendarmerie et un hélicoptère.
Une opération qui s'est déroulée sans les blindés Centaure de la gendarmerie, dont l'arrivée sur l'île, afin de «rétablir complètement l'ordre républicain dans l'archipel», a été annoncée ce 31 mai en début d'après-midi par Gérald Darmanin. Un peu plus tôt, la présidente de la province Sud, Sonia Backès, avait déclaré à l’AFP que des barrages subsistaient dans plusieurs communes autour de Nouméa, à Mont-Dore, Païta et Dumbéa.
La fermeture de l'aéroport prorogée
Malgré l'annonce de la reprise du dernier quartier de Nouméa par les autorités, l'aéroport de la capitale de l'archipel demeurera fermé trois jours de plus. Citant le Haut-Commissariat – représentant de l'État français dans cet archipel du Pacifique –, la compagnie aérienne locale Aircalin a annoncé ce 31 mai la prorogation de la fermeture aux vols commerciaux de l'aéroport Nouméa-La Tontouta jusqu'au 3 juin à 9h, heure locale.
D'ici là, la possibilité de reprise des liaisons aériennes sera «réévaluée», a prévenu le Haut-Commissariat dans un communiqué, signe que la situation demeure tendue dans l'archipel, malgré les progrès des forces de l'ordre.
Le 30 mai, ces dernières ont essuyé des tirs à Dumbéa, juste en périphérie de Nouméa. Dans leur riposte, un tireur a été blessé par un gendarme du GIGN. Les faits se seraient déroulés vers 20h15, selon le procureur de Nouméa qui précise que les gendarmes d'élite se sont retrouvés face à «une quinzaine d’individus» au «comportement très hostile».
Des dégâts colossaux
Près de trois semaines après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, le bilan est lourd avec la mort de sept personnes, dont deux gendarmes. On dénombre aussi 153 blessés parmi les forces de l’ordre, selon un dernier bilan du Haut-Commissariat. En tout, 666 individus ont été interpellés depuis le début des troubles.
S’ajoutent à cela les conséquences économiques, alors qu’au bout des huit premiers jours d’émeutes, la chambre de commerce et d’industrie de l’archipel chiffrait à un milliard d’euros les dommages.
Aucune nouvelle estimation n’a été produite depuis mais l’archipel risque également de pâtir d’une image ternie. Dans un reportage publié le 30 mai, France Info se faisait l'écho de Caldoches désabusés qui, après des décennies passées sur le «caillou», se sont résignés a retourner en métropole. «Qu'on puisse enfin voter aux élections locales, en fait, ce n'est plus notre problème», a ajouté ce quadragénaire qui a passé dix ans en Nouvelle-Calédonie.
Parties de l’annonce, le 13 mai, du vote à Paris d’une réforme constitutionnelle élargissant le corps électoral, mesure dénoncée par les indépendantistes, ces émeutes constituent l'une des plus graves crises politiques en Nouvelle-Calédonie depuis les années 1980.