«Des renforts vont arriver […] pour contrôler les zones qui nous ont échappé ces jours derniers, dont le contrôle n'est plus assuré», a déclaré ce 17 mai devant la presse à Nouméa Louis Le Franc, Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie.
Des renforts qui doivent permettre de «reconquérir tous les espaces de l’agglomération» de Nouméa «que nous avons perdus, et qu’il nous appartient de reprendre», a poursuivi le représentant de l'État français sur ce territoire français du Pacifique. «Trois zones» seraient concernées : Kaméré, Montravel et une partie de «la vallée du Tir», des quartiers défavorisés du Grand Nouméa peuplés majoritairement d’autochtones et où des «centaines d’émeutiers» continueraient à rechercher «le contact avec les forces de l’ordre».
«L’État mobilise plus que jamais ses forces pour assurer la protection de la population et rétablir l'ordre républicain», assurait-il dans un communiqué, publié ce 17 mai sur les réseaux sociaux. Le Haut-commissaire estimait que l’état d’urgence avait permis «pour la première fois» depuis le 13 mai «de retrouver une situation plus calme et apaisée dans le Grand Nouméa», déplorant toutefois «l’incendie d’une école et de deux entreprises». Même son de cloche concernant le soutien à la population et l'organisation de l'acheminement des produits de première nécessité, alors que le chaos, qui s’est installé autour de la capitale de l’archipel, fait craindre des pénuries.
Cinq morts et 200 millions d’euros de dégâts
Les mesures de couvre-feu de 18h à 6h ainsi que l’interdiction de transport d’armes et de vente d’alcool sont également maintenues. L'armée a par ailleurs été déployée autour des ports et de l'aéroport du territoire et l'état d'urgence a été instauré.
La mort d’un deuxième gendarme, tué le 16 mai au matin par un «tir accidentel», a porté à cinq morts (deux gendarmes et trois Néo-calédoniens) le bilan humain de cette vague de violences. Des dizaines de blessés ont par ailleurs été dénombrés, dont 64 gendarmes et policiers. Les autorités ont procédé à 206 interpellations.
Du côté des dégâts matériels, la Chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie, citée dans Les Échos, estime à 200 millions d’euros le coût des émeutes dans l'archipel au cours des trois premières nuits.
«On ne gère pas la Nouvelle-Calédonie en visioconférence»
«Je ne me résoudrai jamais à ce que des jeunes perdent la vie dans une spirale de violence», a affirmé le 16 mai le Premier ministre français Gabriel Attal. Celui-ci annonçait qu'il «inviterait» ce 17 mai les comités de liaison parlementaires sur la Nouvelle-Calédonie pour un «échange» sur la crise.
Gabriel Attal «devrait déjà être sur place pour renouer le dialogue», a fustigé sur France 2 le chef de file du Parti socialiste Olivier Faure, estimant qu'«avec ce gouvernement, l'autorité est surjouée». «On ne gère pas la Nouvelle-Calédonie en visioconférence», a-t-il ajouté.
«Nous ne sommes pas face à un mouvement social [...] nous sommes face à un peuple entier, c'est ça qu'il faut que le gouvernement comprenne», a pour sa part estimé sur BFMTV la présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale Mathilde Panot.
«L’heure n’est pas au dialogue ou au compromis»
En désaccord avec «les restrictions de libertés», la députée a notamment dénoncé la coupure du réseau social TikTok dans l'archipel, qu’elle qualifie d’«inédite dans une démocratie européenne». «Les pays qui ont déjà fait ça sont l'Azerbaïdjan, la Somalie et la Jordanie», a-t-elle enchéri. «Ce qui se fait généralement dans des territoires dit d'outre-mer se fait ensuite dans l'Hexagone», a-t-elle ajouté.
«L’heure n’est pas au dialogue ou au compromis», a affirmé, à droite, la tête de liste aux élections européennes de Reconquête, Marion Maréchal. Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a pour sa part estimé qu’«il était irresponsable d'engager le dégel du corps électoral avant les Jeux olympiques». Le RN avait néanmoins voté en faveur de cette mesure le 14 mai.