«La France constate que les canaux diplomatiques sont une nouvelle fois détournés à des fins de manipulation de l'information et d'intimidation», a déclaré dans un communiqué le Quai d’Orsay ce 7 mai.
La veille, la diplomatie russe avait convoqué l'ambassadeur français à Moscou Pierre Lévy pour dénoncer la politique «destructrice et provocatrice» de Paris en Ukraine, conduisant selon elle à une escalade du conflit. Aussi a-t-elle fustigé des «déclarations de plus en plus belliqueuses» du gouvernement français.
Les tensions sont vives entre Paris et Moscou depuis le mois de janvier et l'annonce par le président français de l'envoi de 40 missiles Scalp supplémentaires à Kiev. Le 26 février, son refus d'exclure un envoi de troupes occidentales en Ukraine n'a rien arrangé. Emmanuel Macron a de nouveau assumé cette possibilité, notamment si Kiev venait à en faire la demande, dans un entretien à The Economist publié le 2 mai.
Moscou s'est «de nouveau livré à une inversion des responsabilités, cherchant à accuser les pays occidentaux de menacer la Russie, alors que celle-ci mène depuis plus de deux ans en Ukraine une guerre d'agression au mépris du droit international et qu'elle poursuit, notamment au travers de cyberattaques et d'actions hybrides, ses manœuvres agressives visant à déstabiliser les pays européens», a répondu la diplomatie française.
La France «continuera de soutenir dans la durée l'Ukraine qui défend sa souveraineté et son intégrité territoriale contre l'agression russe», maintient le Quai d'Orsay.
Des essais nucléaires en réponse aux «provocations» d'Emmanuel Macron
Le 6 mai au matin, l’armée russe a indiqué qu’elle mènerait, sur ordre de Vladimir Poutine, des essais nucléaires tactiques à la suite des «déclarations provocatrices et des menaces de certains responsables occidentaux à l’encontre de la Russie».
Ces exercices sont liés aux déclarations d'Emmanuel Macron et de David Cameron, a précisé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov plus tard dans la matinée, qualifiant ces déclarations de «dangereuses». Selon lui, il s'agit d'une «nouvelle escalade de tension sans précédent», qui nécessite «une attention particulière et des mesures spéciales».
Ultimatum à Londres
En déplacement à Kiev le 2 mai, le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a quant à lui soutenu les frappes que les forces ukrainiennes pourraient mener sur le sol russe avec des armes britanniques. «En ce qui concerne ce que font les Ukrainiens, à notre avis, la manière d'utiliser ces armes relève de leur décision», a-t-il déclaré. «L'Ukraine a absolument le droit de riposter contre la Russie», a-t-il insisté, répondant à la demande de clarification d'un journaliste sur des frappes à «l’intérieur de la Russie».
Le 6 mai, l’ambassadeur du Royaume-Uni à Moscou, Nigel Casey, lui aussi convoqué au ministère russe des Affaires étrangères, s'est vu avertir que la réponse aux frappes ukrainiennes utilisant des armes britanniques sur le territoire russe pourrait viser «n'importe quelle installation et équipement militaire britannique sur le territoire ukrainien et au-delà».