«Il me reste à aller au bout de beaucoup de dossiers». Dans un entretien pour La Tribune du Dimanche paru le 5 mai 2024, Emmanuel Macron a évoqué son bilan alors qu’il fêtera le 7 mai ses 7 ans à la tête du pays.
Pour Gilles Casanova, consultant en stratégie et communication, interrogé sur RT en français, cet entretien arrive à un moment politique compliqué, tant le président s'avère «isolé». Signe qui ne trompe pas : son parti est, à en croire les études d'opinion «très loin» de la liste Rassemblement National en vue des élections européennes et, pire encore, «en position de se faire dépasser par le candidat soutenu par les socialistes».
Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune sur les intentions de vote pour les élections européennes publié le 5 mai, le RN culmine à 32%, contre 16,5% pour Valérie Hayer, la candidate d'Emmanuel Macron. Raphaël Glucksmann, le candidat PS-Place publique, atteint quant à lui 12,5%, La France insoumise 8,5%, EELV 8%, Les Républicains 6,5% et Reconquête 5%.
Un peu plus de 20% des Français pensent qu'Emmanuel Macron a réussi, et un peu moins de 80% pensent qu'il a échoué, en déduit Casanova. Et ce dernier d'accuser l'Elysée de vouloir «intensifier les images de guerre» pour «rassembler autour de lui» en période électorale, évoquant les déclarations belliqueuses d'Emmanuel Macron sur l'envoi de troupes occidentales en Ukraine.
Les Français «ne perçoivent pas encore tous les changements», se défend Macron
Dès le début de son entretien, Emmanuel Macron a défendu son bilan, affirmant que les Français «ne perçoivent pas encore tous les changements» initiés de sa présidence. Egrenant les priorités qui sont les siennes, le président a fait valoir tout d’abord la réindustrialisation du pays.
Parmi les investissements évoqués, le président affirme également vouloir «réarmer le service public». Concernant l’école, le président de la République doit en effet faire face à la multiplication des faits de violence, un rapport sénatorial du mois de mars évoquant «l’école de la République attaquée». S’agissant de l’hôpital, le monde de la santé en France est en crise à tel point que du personnel syndical s’inquiète de la capacité de la France à faire face aux défis des Jeux Olympiques.
«Exister dans le monde occidental où il n’est pas pris au sérieux »
Faisant valoir un budget des armées qu’il aura, selon lui, doublé en dix ans à la tête du pays, le président français a rapidement remis son costume de chef de guerre non sans rappeler ses récentes déclarations sur l’envoi de troupes au sol pour lesquels il a été désavoué par ses partenaires occidentaux.
Pour Gilles Casanova, le président entend «donner aux Français le sentiment qu'il a une vraie autorité», mais aussi jouer une carte auprès de puissances financière en plaçant «quelques milliardaires français dont il est le fondé de pouvoir dans la perspective de la reconstruction de l’Ukraine». Des signaux envoyés à ses soutiens et qui permettent, selon notre interlocuteur de «le faire exister dans le monde occidental où il n’est pris au sérieux ni par les Américains ni par les Allemands».
Le président a défendu également l’idée d’un «nouveau volet sur les mineurs en préventif et en répressif», revenant sur la lutte contre les écrans ainsi que sur son Service National Universel, sorte de service civique qu’il essaie de mettre en place depuis plusieurs années et pour lequel il doit faire face aux réticences de la gauche.
Enfin Emmanuel Macron a évoqué «les grandes transitions et la transition écologique» vantant une réduction du CO2 de 2% par an sur la période 2018-2022. Un bilan que conteste l’ONG Greenpeace qui de son côté parle d’un «bilan catastrophique».
«J’aurais aussi aimé mener à son terme la réforme institutionnelle stoppée en 2018»
Au rayon des regrets, le président de la République a mentionné la réforme des retraites qu’il aurait souhaité «faire […] par points [comme] promis [au] premier quinquennat». Et de se défausser derrière la crise des Gilets Jaunes et la crise sanitaire qui l’en auraient empêché.
Emmanuel Macron regrette par ailleurs de ne pas avoir pu «mener à son terme la réforme institutionnelle stoppée en 2018». Cette dernière consistait à une réduction du nombre de parlementaires, à l’introduction d’une dose de proportionnelle et à l’instauration d’une disposition limitant le cumul des mandats.
«Macron prêt à tout pour rester» au pouvoir selon Philippot
Sur la question des mandats présidentiels, le président s’est montré hostile à la limitation du nombre de mandats à deux en affirmant «que c’est toujours mieux quand on laisse le choix aux électeurs». S’il assure «je ne vais pas changer la Constitution», le président a néanmoins essuyé une critique à ce propos du président des Patriotes Florian Philippot qui estime «très étrange» l’insistance d’Emmanuel Macron sur ce sujet et d’affirmer «Macron est prêt à tout pour rester et continuer à nuire à la France».