«Si vous ne vous êtes pas inscrit, vous ne pourrez pas rentrer» : Gérald Darmanin a confirmé la mise en place de QR codes pour les Jeux olympiques de Paris dans les colonnes du Parisien ce 9 avril.
Le ministre de l’Intérieur a ainsi annoncé la mise en ligne le 10 mai d’un site internet dédié à l’inscription des personnes amenées à pénétrer dans la zone de protection définie par la loi de Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme.
Les personnes désireuses d’entrer dans cette zone devront décliner leur identité sur le site afin d’obtenir un QR code. Les demandes pour obtenir ce code feront l’objet d’un «criblage de sécurité» afin de confronter leur profil aux fichiers des services de renseignement.
«Scénario à la chinoise», «folie liberticide» : les critiques du monde politique et médiatique
En pointe sur les questions des libertés individuelles depuis la crise sanitaire, le président des Patriotes Florian Philippot s’est insurgé contre le retour du QR code qui avait été généralisé avec le pass vaccinal. Sur le réseau social X (ex-Twitter), il a évoqué «la folie liberticide» du ministre de l'Intérieur. «Sous prétexte de JO [Gérald Darmanin veut] nous habituer aux restrictions de liberté, à la surveillance généralisée», a-t-il asséné. Et d’encourager les Français à «refuser absolument de s’inscrire sur ce registre numérique et ne pas participer à cette logique des QR codes et "laissez-passer" !». Seconde sur sa liste aux élections européennes, l’ancienne journaliste Myriam Palomba s’est emportée de son côté : «Le crédit social à la chinoise, j’en veux pas !»
Le fondateur du site libéral d’information Atlantico Jean-Sébastien Ferjou s’est de son côté inquiété de la généralisation du recours au QR code «pour raison de sécurité». Le rédacteur en chef de la revue L'Écologiste Thierry Jaccaud a lui remarqué : «Qui aurait pu imaginer un tel scénario à la chinoise il y a seulement quelques années ?»
Un dispositif sécuritaire d’envergure
Alors que les craintes se multiplient concernant la sécurité des Jeux de Paris, le ministre de l’Intérieur a donc fait le choix de la limitation de la circulation dans la capitale en ayant recours au QR code. Mais pas que.
Dans les colonnes du Parisien, Gérald Darmanin affirme notamment que «45 000 policiers et gendarmes» surveilleront la zone de protection. Un dispositif sécuritaire qui n’est cependant pas détaillé.
L’essayiste français Laurent Ozon met en garde contre le risque de voir des soldats et fonctionnaires étrangers vérifier l’identité des personnes circulant dans le centre de la capitale : «Votre QR code sera contrôlé par des soldats de l'armée polonaise et des membres des services de sécurité du Qatar.» L’auteur fait ici référence à la présence de militaires polonais dans le dispositif sécuritaire, mais aussi du Qatar en vertu d’un accord conclu en février 2024.
Un ministre qui se veut rassurant
En déclarant qu'«aujourd’hui, nous n’avons aucune menace terroriste caractérisée sur l’organisation des Jeux», le ministre de l’Intérieur entend rassurer l’opinion alors qu’un sondage Odoxa paru en début d’année faisait état de 65% de Français inquiets pour la sécurité durant la compétition.
Gérald Darmanin estime par ailleurs que «les grands événements sont sans doute parmi les endroits les plus sûrs, ceux où il y aura le moins de possibilités de passer à l’acte», rappelant que la France a récemment fait face à des événements d’importance comme la Coupe du monde de rugby, la venue du pape à Marseille ou la visite du roi et de la reine d’Angleterre.
Pour ce dernier événement, le ministre n’a cependant pas précisé que cette visite royale avait été reportée pour cause de manifestations contre la réforme des retraites. Enfin, le ministre n’a pas évoqué non plus le fiasco de la finale de la Ligue des champions de football au printemps 2022 au Stade de France.