Le Premier ministre français Gabriel Attal a annoncé le 27 mars une réforme de l’assurance-chômage au cours d’un entretien au journal de 20 heures de TF1. «Une des pistes est de réduire cette durée d’indemnisation de plusieurs mois, je ne pense pas qu’il faille que cela aille en dessous de 12 mois», a-t-il précisé.
La durée passerait donc de 18 mois à l'heure actuelle à 12 mois. Le ministre estime que le délai actuel est plus élevé que dans «beaucoup de pays». Il dit aussi avoir rencontré des «chefs d’entreprise, des patrons de PME, des artisans et des commerçants» regrettant le manque d'incitation du dispositif. «Il y a beaucoup moins de reprises d’emploi» après un an de chômage», a-t-il déclaré, jugeant le dispositif «beaucoup moins efficace» une fois ce délai passé.
«Une vraie réforme globale de l’assurance-chômage» sera élaborée d’ici «à l’été», «pour qu’elle puisse entrer en vigueur à l’automne», a-t-il indiqué.
Gabriel Attal préconise par ailleurs de passer à six mois d’activité à justifier, mais sur 18 mois et plus 24 mois. Enfin, il a affirmé qu'une réévaluation du niveau d'indemnisation était envisagée, mais ne s'est pas engagé sur son niveau.
Une annonce qui a fortement déplu à gauche avec en première ligne la tête de liste des Insoumis aux élections européennes Manon Aubry qui s’est indignée sur le plateau de France Info : «Plutôt que de s'en prendre aux profiteurs, Gabriel Attal et Emmanuel Macron font la poche des chômeurs». Et de s’en prendre au chef du gouvernement : «J’invite le Premier ministre à le vivre une fois dans sa vie, à vivre la précarité qu’il n’a jamais vécue !»
«Dehors !»
Son collègue député Christophe Bex a également pris à partie le ministre sur le réseau social X (ex-Twitter) : «Gabriel Attal, 34 ans, millionnaire par héritage, qui n’a fait que de la politique […] veut pourrir la vie des chômeurs pour rattraper des années de nullité.» Et d’ajouter la formule lapidaire : «Dehors !»
Côté syndicats, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a déclaré sur France Info : «Les annonces montrent le mépris profond du gouvernement envers les acteurs sociaux.» Son homologue à la CFDT Marylise Léon estime de son côté, selon l’AFP, que «le régime d'assurance-chômage ne peut pas être la variable d'ajustement budgétaire de l'État». Son secrétaire général adjoint Yvan Ricordeau dénonce, lui, sur X, un chef de gouvernement qui «cible et stigmatise une nouvelle fois les chômeurs pour masquer sa non-réponse au problème du budget de l’État».
Des réactions syndicales qui laissent penser à une possible mobilisation des partenaires sociaux alors que la réforme doit être présentée avant l’été «pour qu’elle soit prête à l’automne», selon les mots du ministre.
LR pointe les incohérences budgétaires du gouvernement
La droite n’est pas en reste dans la critique. Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale Olivier Marleix rappelle ainsi sur X qu’en 2024 «le déficit de l’État sera de 173 milliards d’euros» alors que «l’assurance-chômage sera excédentaire de 3 milliards d’euros». Avant d’interroger : «Où croyez-vous que le gouvernement propose des efforts ?» Et de répondre : «Chômeurs âgés, transports sanitaires… oui. Train de vie de l’État… rien.»
Une critique partagée par la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée Marine Le Pen qui estime : «Le régime est excédentaire, il n’y a aucune nécessité à le réformer !»
La députée Laure Lavalette a elle évoqué une intervention «lunaire» du Premier ministre. «Devant le dérapage hallucinant du déficit, Gabriel Attal vient au JT pour strictement ne rien dire et accuser le monde entier du bilan de Macron», a-t-elle ajouté.
Marion Maréchal, elle, ne trouve pas cela choquant
À droite, seule la tête de liste Reconquête aux élections européennes Marion Maréchal n’a pas critiqué cette annonce, affirmant qu’il n’était «pas choquant que l’on puisse toucher à la durée d’indemnisation» de l’assurance-chômage.
Les annonces sur l’assurance-chômage présentées par Gabriel Attal ont provoqué une telle opposition de la majorité des oppositions qu’elles ont éclipsé les passages de l’entretien du Premier ministre lors desquels il affirme qu’il ne souhaite pas augmenter les impôts et que le gouvernement maintenait son objectif de passer sous les 3% de déficit en 2027, alors même qu’il vient d’être réévalué de 4,9% à 5,5% pour l’exercice 2023.