«Ce vote n’est qu’une mascarade d’un accord déjà conclu» : Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale, n’a pas mâché ses mots sur le vote de l’accord de sécurité récemment conclu entre Paris et Kiev. «Les "va-t-en-guerre" de tous bords ont leur général en chef : il s’appelle Emmanuel Macron. Nous sommes le camp de la paix !», a-t-elle déclaré sur X (ex-Twitter).
Son groupe s’est opposé au texte qui a recueilli un vote favorable de 372 députés et un vote défavorable de 99 seulement. C’est le député Arnaud Le Gall, membre de la commission des affaires étrangères, qui a pris la parole sur le sujet. Ce dernier a fustigé un accord qui «assume le soutien de principe à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne» et «le soutien de principe de l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN». «Ce genre d’annonce ferme d’emblée toute discussion en vue d’un règlement durable du conflit», a-t-il ajouté.
Les communistes se sont également opposés à ce vote non contraignant mais symbolique.
Le secrétaire général du PCF Fabien Roussel s’est prononcé contre, à l’instar de son groupe. Il a expliqué ce vote sur BFMTV dans la soirée du 12 mars, affirmant : «Nous disons non, non et non.» «Les lignes rouges défendues par le président pour éviter que la France entre en guerre ont sauté», a-t-il encore déploré.
«Toujours plus facile de "bomber le torse" en costume-cravate»
Le député a par ailleurs dénoncé la rhétorique du Premier ministre Gabriel Attal, qui avait défendu le texte en arguant : «Je préfère bomber le torse qu'être à plat ventre devant la Russie.» Ce à quoi le député communiste a répondu : «Toujours plus facile de "bomber le torse" en costume-cravate et à 2 500 km du front. La guerre est souffrance, destruction et morts.»
Entre le soutien de la majorité Renaissance, du Parti socialiste et des Républicains et l’opposition des gauches communiste et insoumise, le Rassemblement national a lui opté pour l’abstention.
«L'abstention du RN c'est le pipeau des trouillards»
Une décision vivement critiquée par la majorité et par l’opposition de gauche. Ainsi, le président du groupe Renaissance à l’Assemblée Sylvain Maillard a estimé ce 13 mars sur les ondes de Radio J que le Rassemblement national s’abstenait «par opportunisme électoral».
Le fondateur de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a lui aussi dénoncé ce vote : «L'abstention du RN c'est le pipeau des trouillards.» «Les Insoumis au moins sont cohérents : l'accord est déjà signé, il contient l'entrée dans l'OTAN qui bloquera toute paix. Et l'entrée dans l'UE ruinera les agriculteurs français», a-t-il ajouté.
Marine Le Pen s’est, elle, expliquée sur le choix ce son groupe en affirmant : «Pour la sécurité des Français, nous ne pouvons adhérer aux conditions que vous posez dans cet accord mais pour manifester notre soutien à l’Ukraine […] nous nous contenterons d’une abstention.»
Les chefs des partis souverainistes non représentés à l’Assemblée nationale ont réagi à ce vote du RN. Le président de l’UPR François Asselineau a ainsi affirmé sur X : «RN, LR, Horizons, MoDem, Liot, EELV et PS sont des planches pourries.»
Le président des Patriotes Florian Philippot a lui déclaré : «RN abstention ! Vous parlez d’une "opposition".» Avant d’appeler à une manifestation pour la paix à Paris le 16 mars.
À droite, un seul élu a voté contre le texte, Nicolas Dupont-Aignan, député non inscrit et président de Debout La France. «Le piège de Macron a fonctionné ! Par peur d’être catalogués de pro-Russes, une majorité de députés a voté l’accord de sécurité avec l’Ukraine qui rendra impossible la paix et va ruiner les Français», a-t-il déclaré dans une vidéo.