France

L'ambassadeur de Russie convoqué au Quai d’Orsay, il dénonce l'«implication croissante» de Paris en Ukraine

L'ambassadeur de Russie en France a été convoqué ce 5 février au ministère français des Affaires étrangères à la suite de la mort de deux humanitaires français en Ukraine la semaine dernière. La Russie dénonce l'«implication croissante» de la France en Ukraine et la «mise en danger» de citoyens français du fait de la politique menée par Paris.

Les tensions sont montées d’un cran entre Moscou et Paris depuis plusieurs semaines. L’AFP a appris de source diplomatique que l’ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkov, était convoqué ce 5 février au Quai d’Orsay.

La France a condamné la frappe de drone ayant tué deux humanitaires français en Ukraine le 1er février. Les deux victimes françaises ont péri lors d'une frappe sur Beryslav, petite commune ukrainienne située sur la rive nord du fleuve Dniepr, près de la ligne de front, a affirmé vendredi le ministère français des Affaires étrangères, en faisant également état de trois autres ressortissants français blessés.

Paris a dénoncé «également le regain de désinformation ciblant la France», a ajouté la même source, quelques jours après que le ministère des Armées a identifié une «manœuvre coordonnée de la Russie» pour diffuser de fausses informations impliquant la France.

«Aucune preuve n’a été présentée selon laquelle les Français morts étaient des travailleurs humanitaires», a déclaré l'ambassade de Russie en France en fin de journée. Aussi a-t-il regretté l'implication croissante de Paris dans le conflit ukrainien et l'absence de condamnation française contre les bombardements de Belgorod le 30 décembre (25 morts civils), de Donetsk le 21 janvier (28 morts) et de Lissitchansk le 3 février (28 morts) par les troupes ukrainiennes. 

Zakharova dénonce la «mise en danger de citoyens français»

«La mort de personnes est toujours une tragédie», a réagi le 5 février la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Celle-ci a regretté ensuite le rôle de Paris dans la «maturation de la crise ukrainienne depuis 2014» et dans le «maintien à flots de la clique criminelle de Kiev», via la fourniture d’armes et l’entraînement des troupes ukrainiennes.

Aussi a-t-elle dénoncé la «mise en danger de citoyens français». Ces derniers sont en effet à ses yeux «saturés de propagande anti-russe» et envoyés, «avec le consentement tacite de leurs autorités, vers la zone de combat en tant que mercenaires ou volontaires».

Et celle-ci d’espérer en guise de conclusion que le drame «amènera l'opinion publique française à réfléchir encore plus à la justification de la ligne contre-productive et dangereuse de ses propres dirigeants concernant le conflit en Ukraine».

Livraisons de missiles Scalp, «mercenaires» en Ukraine : un pas de franchi ?

Moscou avait déjà fustigé «l’implication grandissante de la France» après les annonces de nouvelles livraisons d'armes à Kiev par Emmanuel Macron le 16 janvier. La Russie a aussi annoncé le 18 janvier avoir mené une frappe de précision à Kharkov sur un centre de déploiement de mercenaires étrangers, incluant des soldats «dont le noyau était constitué de mercenaires français».

Le Quai d’Orsay a nié l’existence de «mercenaires» français en Ukraine, mais le ministre français de la Défense a admis l’existence de combattants français, déclarant sur LCI le 19 janvier : «On n’a pas à leur interdire, on est encore une démocratie.»

L’ambassadeur de France à Moscou avait été convoqué dans la foulée au ministère russe des Affaires étrangères, et la Douma a adressé un appel à l’Assemblée nationale dénonçant la présence de «mercenaires» français le 24 janvier.