L’homme arrêté Gare de Lyon ce 3 février, après avoir agressé plusieurs personnes à l’arme blanche, est entendu par les enquêteurs. L'agression a eu lieu vers 07h35 dans la gare parisienne et a fait un blessé grave, touché à l'abdomen, dont le pronostic vital est «engagé», et deux blessés légers. Selon le ministère public, tous trois sont des «passants» qui se seraient «interposés» et ont été «blessés par des coups de couteau et de marteau». Ils ont été hospitalisés.
L'assaillant est, selon le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, «en situation régulière en Italie depuis 2016, avec un titre émis en 2019 tout à fait valable», selon les documents en sa possession. Ce titre lui permettait de voyager en France en toute légalité. Selon les papiers d'identité qu'il a présentés, il est né le 1er janvier 1992, selon une source proche du dossier. Il était jusque-là inconnu des services de police français comme italiens, selon une source policière.
Le suspect a déclaré «spontanément» souffrir de «troubles psychiatriques» et «des médicaments» ont été retrouvés sur lui, a déclaré Laurent Nuñez lors d'un point-presse gare de Lyon.
De premiers éléments convergeaient initialement pour dire que l'homme présentait un «profil SDF», mais «aucun signe de religiosité». «On verra si la piste terroriste peut être écartée», a déclaré le préfet de police de Paris.
L’assaillant maîtrisé par des passants
Les enquêteurs s'intéressent notamment à un compte TikTok, qui reste à authentifier, ouvert au nom de l'assaillant sur lequel figure un homme noir à lunettes, barbu et aux cheveux ras.
Sur l'une des vidéos, datée du 2 décembre 2023, l'auteur du compte écrit : «R.I.P. (repose en paix, NDLR) dans trois mois, qu'Allah m'accueille dans son paradis». Dans d'autres vidéos, il exprime notamment son ressentiment à l'égard de la France, faisant référence à l'intervention militaire française au Mali.
«Des premiers éléments, restant à confirmer, révéleraient que le mis en cause aurait d'abord mis le feu à son sac à dos, avant de saisir un couteau et un marteau et tenter de porter des coups à l'encontre d'une passante qui parvenait à les éviter», a précisé le parquet.
L'homme «a d'abord été maîtrisé par des passants» avant l'intervention de la police ferroviaire de la SNCF, qui l'a ensuite remis à la police, a détaillé une source policière.
Un premier examen médical a permis de déclarer son état de santé compatible avec une garde à vue, a précisé une autre source proche du dossier. «L'examen de son état mental sera réalisé», a précisé le parquet.
Les faits ont eu lieu dans le hall 3 de la gare, situé en sous-terrain, qui mène notamment aux trains de banlieue. Après une fermeture au public, le hall a rouvert en début d'après-midi, selon la SNCF.
Paris : 19 agressions au couteau par jour
Plusieurs personnalités politiques ont apporté sur X (anciennement Twitter) leur «soutien aux personnes attaquées» et remercié les forces de sécurité pour leur action. «J'attends que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame», a demandé la présidente LR (droite) de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, sur X.
Cette attaque «témoigne de l’impérieuse nécessité de renforcer la sûreté dans les transports», a souligné dans un communiqué Philippe Tabarot, sénateur LR (droite) des Alpes-Maritimes, porteur d’une proposition de loi au Sénat sur le sujet.
L'attaque rappelle celle survenue non loin de la tour Eiffel le 2 décembre 2023: un Franco-Iranien de 26 ans, radicalisé et suivi lui aussi pour problèmes psychiatriques, avait attaqué au couteau et au marteau trois personnes, faisant un mort et deux blessés.
«Il y a beaucoup de personnes qui sont délirantes ou pseudo-délirantes, qui n’ont rien à faire dans la rue et qui devraient être dans des structures de soin», a déploré le médecin urgentiste Patrick Pelloux sur la chaîne BFMTV. Il a chiffré à 19 le nombre d'agressions au couteau à Paris par jour.
La gare de Lyon est la première gare de France en termes de trafic grandes lignes. Elle dessert le sud-est du pays, mais aussi la Suisse et l'Italie. Cette attaque s'est produite à moins de six mois des Jeux olympiques de Paris où 15 millions de visiteurs sont attendus dans un contexte sécuritaire tendu.