France

La Défense française accuse les médias russes de «manœuvre coordonnée», et fait de même dans les médias hexagonaux

Le ministère français des Armées a affirmé avoir identifié une «manœuvre coordonnée de la Russie» à la suite de la reprise par les médias russes de l'élimination des mercenaires français à Kharkov... une affirmation reprise en boucle dans les médias français, alors que les tensions sont vives entre Paris et Moscou.

«Les services compétents de l’État ont identifié et suivent la manœuvre coordonnée de la Russie, y compris par les réseaux d’information pro-russes et les médias d’État tel que Sputnik News, RT et RIA Novosti, pour relayer et amplifier ces fausses informations», a indiqué le ministère français dans un communiqué le 26 janvier.

Ironie du sort, ces éléments de langage du ministère français des Armées visant les médias russes ont été repris en boucle dans d'innombrables médias français, nationaux et régionaux, via une dépêche de l'AFP : Sud-OuestRFILe Monde20 MinutesBFMTVLa Dépêche, ou encore La Charente Libre... rares sont ceux qui ont échappé au mécanisme.

La France nie depuis le 16 janvier que l'armée russe a éliminé des «mercenaires français» dans une frappe à Kharkov le 16 janvier et dénonce la «diffusion de listes de prétendus mercenaires français tués dans cette attaque sur les chaines Telegram russes», le 22 janvier. 

Vives tensions entre Paris et Moscou

Depuis plus de dix jours et l'annonce par Emmanuel Macron d'une aide accrue à l'Ukraine, notamment via la livraison de 40 missiles Scalp, les tensions sont vives entre Paris et Moscou. L'annonce du 17 janvier de la Défense russe, jetant la lumière sur la présence de Français aux côtés des soldats de Kiev, a provoqué un tollé dans la société russe.

Les échanges de cordialités entre Paris et Moscou ont notamment conduit à la convocation de l’ambassadeur français par la diplomatie russe, qui a dénoncé «l'implication croissante de Paris en Ukraine» et la Douma s’est saisie de l’affaire en votant le 24 janvier une résolution visant à interpeller l’Assemblée nationale sur la présence de Français aux côtés des soldats ukrainiens.

Paris nie l'existence de mercenaires français en Ukraine

Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, dans un entretien au Parisien paru le 21 janvier, réfutait la présence de mercenaires français combattant en Ukraine.

«Vous avez des citoyens français, civils, qui sont partis combattre sous un uniforme ukrainien, on n’a pas à leur interdire, on est encore une démocratie», avait quant à lui déclaré sur le 19 janvier LCI le ministre français de la Défense Sébastien Lecornu, avouant de facto la présence de combattants français. «Ces gens n’ont pas de lien avec les forces armées françaises», avait-il toutefois ajouté.  

Des interviews de combattants français partis se battre en Ukraine se sont aussi multipliées ces derniers jours dans les médias français. Des volontaires qualifiés donc de «mercenaires» par Moscou. 

Selon le géopolitologue Xavier Moreau, fondateur du think tank Stratpol et présentateur de l'émission L'échiquier mondial sur RT, ces combattants français seraient «quelques dizaines, une centaine au maximum», moins nombreux que les Anglo-saxons ou que les Polonais. 

Un combattant étranger, selon un Français en Ukraine cité par RFI, touche «entre 390 et 500 euros» et des primes lors des déploiements sur le front, «entre 2 000 et 3 000 euros». Aux yeux de Kiev, ils sont membres à part entière de l'armée ukrainienne.