«Ce qui est certain, c’est que la suppression de ma chronique relève de la conséquence d’une pression du ministère de l’Intérieur et de la police, mais surtout du ministère, exercée sur RMC. Ça porte un nom, ça s’appelle la censure», a martelé Thomas Guénolé, politologue et professeur à Science Po Paris
Il tenait une chronique quotidienne dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin depuis le mois de mars, jusqu’à son intervention du 17 novembre au cours de laquelle il a dénoncé, se basant sur un article de la Lettre A (qui s’est révélé inexact), des manquements dans l'organisation des forces de l'ordre le soir du 13 novembre, notamment au Bataclan :
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«Le 13 novembre, les brigades d’intervention manquaient gravement d’hommes, et de moyens. Quand la fusillade éclate, il n’y a que 3 fonctionnaires de garde à la BRI, la brigade de recherche et d’intervention. Sur 50 membres, vous en avez 3 qui sont de garde. Du coup, c’est la BAC, la brigade anti-criminalité, qui a assuré la première riposte, alors que ce n’est pas son métier normalement. […] Et la pénurie d’équipements était si grave, que quand la BAC a affronté les assassins, plusieurs policiers n’avaient ni gilets pare-balles lourds, ni casques lourds».
Cette chronique a suscité de vives réactions, notamment chez le syndicat Unite SGP police FO, qui affirme que 12 agents étaient également d’astreinte, c'est à dire mobilisables quasi immédiatement. Selon Nicolas Comte, le porte-parole du syndicat, il s’est passé «vingt minutes entre le bip et l'arrivée» au Bataclan.
La conseillère spéciale de Bernard Cazeneuve n'a pas apprécié non plus, interpellant la Lettre A et le politologue sur Twitter, en les accusant de «traîner dans la boue» les forces de l'ordre :
Dans l’interview qu’il a accordée à RT France, Thomas Guénolé accuse le ministère de l’Intérieur et la police françaises : «En plein état d’urgence, soit des pouvoirs policiers exceptionnels, en France après les attentats, une chronique qui dit qu’il faut une commission d’enquête sur les accusations du dysfonctionnement de la sécurité intérieure de France. Ça donne le ministre de l’Intérieur et la police qui font pression, il n’y a pas d’autre mot, font pression sur RMC au moyen du boycott des plateaux de RMC et au moyen de la rétention punitive d’information».
Interrogé par Arrêt sur Images, Thomas Guénolé confirme son licenciement par son employeur, mais précise : «Je dis dans ma chronique que si ces accusations de dysfonctionnement sont fausses, elles doivent faire l’objet d’une commission d’enquête parlementaire pour laver de tout soupçon les dirigeants de notre police et des services secrets ainsi que le ministre de l’Intérieur. C’est bien la preuve que je ne considérais pas ces accusations comme vérifiées».
Sur Twitter, de nombreux internautes l'encouragent à porter l'affaire en justice pour contester son licenciement.
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